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Gangstérisme d’Etat: Des paisibles citoyens terrorisés à leurs domiciles

Gangstérisme d’Etat: Des paisibles citoyens terrorisés à leurs domiciles

manifestation de violence lors des dernières émeutes dues au résultat de la présidentielle
manifestation de violence lors des dernières émeutes dues au résultat de la présidentielle
Réveil plus que brutal pour les habitants de Derrière-la-prison, quartier populaire du premier arrondissement de Libreville, le matin du vendredi 23 septembre 2016. Ceci, du fait de l’irruption dans bon nombre de domiciles privés d’escouades d’hommes encagoulés lourdement armés et arborant des uniformes de la gendarmerie nationale, des forces de police nationale, de la garde républicaine (GR), des forces armées de terre et de l’air. Sous le grossier prétexte de rechercher des armes de guerre que détiendraient des habitants dudit quartier. Des armes que leur aurait « personnellement remis Jean Ping dans le funeste dessein de faire sombrer le pays de manière irréversible dans le chaos si d’aventure la Cour constitutionnelle déclarait Ali Bongo élu » (sic).

Selon des sources dignes de foi, cette chasse aux « activistes armés de l’opposition », lancée il y’a plusieurs jours, ne concerne que les quartiers des six (6) arrondissements de Libreville, que le pouvoir émergent sortant et sorti soupçonne de constituer « des poches de la rébellion armée que compte lancer Jean Ping le moment venu ». De fait, d’autres quartiers du premier arrondissement de la capitale gabonaise tels Derrière-l’Ecole-Normale, Bas-de-Guégué, etc. sont quadrillés par ces escouades composées d’une douzaine d’hommes encagoulés et lourdement armés chacune. Le mode opératoire consiste à encercler des maisons dûment identifiées, manifestement grâce à des « renseignements précis » collectés via des indics du pouvoir émergent installés dans le quartier. Ces indics se mêlent notamment aux conversations, échanges d’informations et autres débats autour de la question relative au départ de Bongo Ondimba Ali, alias BOA, du pouvoir.

Des mères et des pères de famille, des personnes du troisième et du quatrième âge, des nourrissons, des convalescents, etc. ont ainsi été tirés de leur sommeil brutalement et soumis à un interrogatoire musclé des heures durant. Le moindre bégaiement au moment de répondre à une question constitue un élément à charge suffisant pour être copieusement arrêté puis embastillé. On dénombre ainsi plusieurs arrestations et des dizaines de victimes de la brutalité inouïe dont font montrent ces hommes encagoulés. Une résidente du quartier Bas-de-Guégué témoigne : « Ils ont défoncé la porte, sont entrés dans la maison et ont tout mis sens dessus dessous. C’est ce vacarme qui nous a tirés du lit, mes enfants et moi. Je n’ai même pas eu le temps de mettre un vêtement décent sur le dos. J’ai donc été sommée de m’asseoir par terre toute nue devant mon fils de douze (12) ans. Ma gêne était mêlée à la peur qui me tenaillait d’être violée par ces hommes devant mes enfants ». Une maman de Derrière-la-prison fait un témoignage presque similaire : « J’ai fait pipi dans ma culotte et devant mes enfants, tellement je paniquais. De toute ma vie, je n’avais vécu pareille situation. Vous imaginez la honte et le choc émotionnel? Une maman de mon âge, faire pipi dans ma culotte devant mes enfants ? ».

Cette situation crée une psychose dans la population qui se sent désormais dans une sorte de prison à ciel ouvert : « C’est grave ! On ne peut donc plus parler librement, au risque d’être visité dans sa maison par des hommes encagoulés ou tout simplement d’être arrêté et jeté en prison sans autre forme de procès », peste un notable de Derrière-l’Ecole-Normale. La phase 2 du plan de BOA vient donc de commencer, avec cette fois le terrorisme à domicile.

Markky EDZANG ZUE

publié le 28 Septembre 2016

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