
Le calme règne à Libreville depuis la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 27 août 2016 par la Cour constitutionnelle, vendredi 23 septembre dernier. Une décision de la haute juridiction qui a confirmé, sans étonnement, la réélection d’Ali Bongo Ondimba et qui a plongé la capitale, voire le pays tout entier, dans un silence de mort.
Libreville est comme figée, glacée depuis le 24 septembre dernier. Alors que la vie semble reprendre son cours après la psychose créée par l’attente de l’annonce du verdict de la Cour constitutionnelle, l’atmosphère reste très particulière. Plusieurs entreprises ont repris du service lundi dernier, mais un grand nombre d’agents ont manqué à l’appel redoutant un sursaut des émeutes populaires. Au marché Mont Bouët, le plus grand de la capitale, l’activité a repris au lendemain du verdict de la Cour constitutionnelle. Mais, quelques boutiques restent fermées et il y a beaucoup moins d’affluence que d’habitude, comme l’observe un vendeur: « L’ambiance est étrange. En temps normal, on ne peut pas circuler parce qu’il y a tellement de gens, et ils vivent dans la joie. Là, ce n’est pas ça ». Dès vendredi après-midi, bien avant la retransmission en direct de la cérémonie de la Cour constitutionnelle, relative à la proclamation des résultats définitifs de l’élection du 27 août 2016, les forces de sécurité et de défense quadrillaient Libreville. Au cœur de la nuit, le boulevard du bord de mer était entrecoupé de barrages, et les forces de sécurité et de défense, visiblement très tendues, fouillaient consciencieusement les très rares voitures qui circulaient encore. Elles semblaient redouter des violences. Contrairement à l’attente des « émergents », tout le monde a remarqué le calme qui prévaut dans les quartiers: « Cela signifie tout simplement que nous sommes en deuil. Nous sommes en train de pleurer notre victoire qui a été volée une fois de plus. C’est pourquoi, on s’est résolu à rester dans nos maisons », explique une gabonaise interrogée sur le volet.
Et pour cause, le verdict très “inique” de la Cour constitutionnelle a apporté la confirmation selon laquelle la crise politique n’est pas encore réglée au Gabon. Après avoir rejeté du revers de la main l’appel au dialogue du faussaire BOA, Jean Ping qui a appelé ses partisans à rester mobilisés, ne compte pas faire revivre aux gabonais le holdup électoral de 2009 qui est probablement en partie à l’origine de la mort d’André Mba Obame, affectueusement appelé AMO.
Le silence qui règne dans la capitale n’est pas l’expression d’une résignation, selon plusieurs habitants. « Ce silence, c’est aussi une bonne manière de parler. Je peux vous affirmer que ça ne veut pas dire qu’on est d’accord avec les résultats », décrypte une Librevilloise visiblement remontée.
L’affaire n’est pas classée. C’est ce que semble décrire ce silence qui fait froid dans le dos. Tous les gabonais sont aujourd’hui simplement dans une position d’attente.
Shekina Okoue
publié le 28 Septembre 2016