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5ème anniversaire du décès du leader de l’opposition Pierre Mamboundou omis par l’opposition gabonaise

5ème anniversaire du décès du leader de l’opposition Pierre Mamboundou omis par l’opposition gabonaise

Le leader de l'opposition Pierre Mamboundou
Le leader de l’opposition Pierre Mamboundou
Le 5ème anniversaire de la mort du radical et charismatique opposant au défunt président gabonais, Omar Bongo Ondimba, Pierre Mamboundou, a été marqué par une messe le samedi 15 octobre 2016 à la cathédrale Notre dame de l’Assomption de Libreville, communément appelée église Sainte-Marie. Un anniversaire qui est tout de même passé sous silence parmi certaines grandes figures de l’opposition gabonaise. Cet anniversaire a été également marqué, par d’autres opposants, par le déni des valeurs intrinsèques de celui que d’aucuns désignaient affectueusement Pierre.
La « traitrise » déjà connue de ceux qui se réclament héritiers politiques de Pierre Mamboundou et qui ne cessent de salir la mémoire de cet homme radical et intègre a plané sur le 5ème anniversaire du décès de ce dernier. On se souviendra que suite à sa disparition, une guerre fratricide opposa ses héritiers hypothétiques, virtuels ou autoproclamés. Certains avaient alors cru bon de jouer de leur proximité avec sa parentèle pour s’arroger le leadership de l’Union du Peuple Gabonais, UPG, formation politique qu’il créa le 14 juillet 1989. D’autres proclamaient leur proximité idéologique avec lui pour parvenir à leurs fins. Résultat des courses : des scissions en cascade et un net recul pour l’UPG.

Aujourd’hui, l’UPG est fractionnée en trois tendances politiques. D’abord, l’aile dite légaliste de Mathieu Nziengui Mboumba, qui se réclame d’une «opposition républicaine et responsable». Ensuite, la tendance dite loyaliste de Jean de Dieu Moukagni Iwangou, qui revendique un ancrage dans l’opposition dure et affirme lutter pour la promotion de l’Etat de droit au Gabon. Enfin, l’aile dissidente dirigée par Bruno Ben Moubamba qui dit combattre la «sorcellerie politique». Cette aile s’est muée le week-end dernier en parti politique à part entière : Alliance pour le changement et le renouveau, ACR. « Ce label nous rappellera la dernière veste politique revêtue par le regretté Pierre Mamboundou Mamboundou en 2009 », dixit Bruno Ben Moubamba, le seul vice-premier ministre de l’équipe Emmanuel Issoze Ngondet I.

Bruno Ben Moubamba lors des assises.
Bruno Ben Moubamba lors des assises.
Finalement mis à part le leader Moukagni Iwangou, l’UPG, le parti cher à feu Pierre Mamboundou est un repère de « chenapans » voire de profito-situationnistes. Des gens qui ne sont habités que par un appétit vorace des postes ministériels, de l’argent et des biens matériels. Bruno Ben Moubamba, le Président Fondateur de l’ACR, en est bien l’illustration. Après avoir désacralisée la mémoire de l’illustre disparu en acceptant de faire partie du premier gouvernement du second septennat usurpé de Bongo Ondimba Ali, alias BOA, Bruno Ben Moubamba a tenu à aller plus loin dans son sacrilège en disant poursuivre la vision du président Pierre Mamdoundou, lors des assisses organisées le 15 octobre dernier par l’aile dissidente de l’UPG dont il est le leader. Pour le néo vice-premier ministre du clan BOA, « la vision de feu Pierre Mamboundou restera un socle de renouveau pour les Acéristes qui pensent à un Gabon meilleur ». Pense-t-il réellement à un Gabon meilleur en s’associant à un usurpateur de la majorité des suffrages de la récente élection présidentielle ?
Le pauvre Pierre Mamboundou doit se retourner au fond de sa tombe en voyant ce triste spectacle offert par ceux qui se sont autoproclamés héritiers du défunt.

Le charismatique opposant gabonais, décédé le 15 octobre 2011 des suites d’une courte maladie à l’âge de 65 ans, a été sans aucun doute l’un des opposants les plus emblématiques de l’ère multipartite.
Triste célébration pour ce grand homme arrivé trois fois second aux élections présidentielles (1998, 2005 et 2009) sous le régime Bongo connu pour la fraude. L’ancien député et maire de Ndendé, son bastion politique, est l’initiateur de la loi sur la biométrie.

Shekina O.

publié le 18 Octobre 2016

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