Crise post-électorale Jean Ping vers la mise en place d’institutions parallèles

IMG-20160818-WA0001Le président plébiscité par une très large majorité des Gabonais vient de franchir un pas supplémentaire qui traduit plus que jamais sa détermination à obtenir le rétablissement de la vérité des urnes au Gabon. Lors de son allocution du 15 octobre 2016, un jour avant la fin officielle du mandat déjà volé en 2009 du chef de la junte militaro-putschiste au pouvoir, Jean Ping a annoncé la création d’une Coalition pour une nouvelle République (CNR). Dans son esprit, il s’agit d’une « …coalition des forces politiques, sociales et religieuses… » qui « a pour vocation d’encadrer les partisans de l’alternance démocratique et de prolonger la lutte afin de traduire dans les faits, les actions qui s’inscriront dans le cadre de ce rassemblement des patriotes pour la libération de nom>tre pays et la victoire finale… » On peut parier que la coalition aura comme premier chantier rendre les institutions du Gabon à nouveau crédibles, en proposant au président Jean Ping la meilleure manière de « traduire dans les faits » la remise à plat desdites institutions. Tant lui-même les dépeint en noir dans cette déclaration du 15 octobre. Morceaux choisis : « …Des institutions factices, dépourvues de toute légitimité. Des institutions en dissidence avec les bénéfices du progrès démocratique attendu par tous les peuples du monde. Des institutions décriées et méprisées par le peuple gabonais et qui ne suscitent plus aucun respect dans aucune instance internationale. Des institutions tournées en dérision par la jeunesse gabonaise qui, la mort dans l’âme, choisit d’en rire plutôt que d’en pleurer… »

L’architecture sur laquelle le président élu par les Gabonais va s’appuyer pour faire reconnaître son droit apparaît ainsi au grand jour. D’un côté le Conseil gabonais de la Résistance (CGR), qui a pour objectif de fédérer la diaspora gabonaise avec pour mission de porter le combat pour la libération du Gabon sur la scène internationale. En somme les « ambassadeurs » de Jean Ping ; de l’autre, la CNR, qui va concentrer son action sur le théâtre interne. Surtout que ne reconnaissant pas le pouvoir militaro-putschiste du chef de la junte BOA, Jean Ping croit plus que jamais que « … le dimanche 16 octobre 2016 est un jour particulier dans l’histoire politique de notre pays. Cette date chacun d’entre nous l’attend, pour ainsi dire, depuis près de 50 ans car elle marque le début d’un évènement politique majeur. Le début d’une nouvelle espérance ». D’où la nécessité et l’urgence pour la coalition de « passer aux actes ». Pour ne pas laisser trop longtemps ce qui apparaît de fait, par sa non-reconnaissance de la junte, comme « un vide du pouvoir ». De multiples voix parmi ses partisans les plus déterminés, qui visiblement s’inscrivent aussi dans une perspective de « vide du pouvoir », s’élèvent à travers tout le Gabon pour que Jean Ping « passe à l’acte ». Les rumeurs les plus folles ont du reste circulé à ce sujet, notamment sur les réseaux sociaux, annonçant « l’imminence d’une prestation de serment » dès la fin officielle du mandat de BOA. A l’image de ce qu’avait fait Alassane Ouattara en Côte-d’Ivoire, lorsque Laurent Gbagbo avait essayé, lui aussi, d’usurper le pouvoir. Les observateurs ont d’ailleurs noté que la junte militaro-putschiste avait parié sur un tel scénario dans l’immédiat. Elle s’était montrée particulièrement fébrile à l’approche de cette date du 15 octobre ainsi que les jours qui ont suivi. D’où le renforcement de la présence militaire dans les principales villes du Gabon, comme si elle s’attendait à une telle issue.

Jean Ping se veut plus méthodique avant d’arriver à ce point de non-retour. Il veut visiblement «
compter les siens ». Surtout que la défection de René Ndemezo’o Obiang lui recommande de « revoir ses forces » avant de poursuivre le combat. La coalition et les « institutions » qui en découleront offrent un cadre idéal pour une telle revue des troupes avant de porter l’estocade finale à la junte putschiste.

Par Jean Michel Sylvain

publié le 19 octobre 2016