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La bande des quatre « félons » se dévoile

La bande des quatre « félons » se dévoile

Des candidats malheureux, avec des scores tournant autour de 0%
Des candidats malheureux, avec des scores tournant autour de 0%
Il n’a pas fallu beaucoup de temps à Raymond Ndong Sima, Dieudonné Minlama, Gérard Ella Nguema et Bruno Ben Moubamba pour faire tomber leurs masques. Il est vrai que leurs situations devenaient de plus en plus intenables à mesure que les escadrons de la mort de BOA poursuivaient méthodiquement les assassinats de plusieurs jeunes Gabonais, pour avoir osé exiger que leurs votes ne soient pas détournés.

C’est un moment qui en dit long sur le comporte- ment de certains acteurs politiques gabonais. Il met surtout en danger ceux les opposants qui ont participé à plusieurs réunions aux côtés des quatre mousquetaires, sans savoir qu’au sortir de celles-ci, ces derniers allaient en rendre immédiatement compte à BOA. Plusieurs de nos sources l’assurent. Les arrestations arbitraires de Léon Paul Ngoulakia, Bertrand Zibi Abeghe, Alfred Nguia Banda, tout comme plusieurs autres leaders de l’opposition qui ont dû fuir à l’étranger ou se terrent dans le Gabon profond, ne sont sans doute pas étrangères à la traîtrise de la bande des quatre. Nos sources sont formelles. Cette bande des quatre « avait le souci du détail dans les comptes rendus faits à BOA, après avoir assisté aux réunions stratégiques qui se tenaient au siège de l’Alliance démo- cratique et républicaine (Adere) ». Grâce à eux, BOA savait « qui a dit quoi, qui projette quoi, que va faire qui ». C’est-à-dire que « la contribution de chaque opposant ou syndicaliste dans l’action qui visait à le faire partir du pouvoir était sue dans les moindres détails » par BOA. C’est ainsi qu’il a pu décider de manière « préventive » de séquestrer certains syndicalistes membres du groupe « Témoins actifs ». Il a poursuivi son œuvre après la proclamation des résultats frauduleux, mais validés par la Cour constitutionnelle, en séquestrant d’autres activistes. Le travail de félonie de la bande des quatre a ainsi « payé ». Il est tout à fait naturel que BOA leur renvoie l’ascen- seur, notamment en nommant l’un des quatre au poste de Vice-premier ministre, ministre en charge de l’Urbanisme. Le poste de Premier ministre étant déjà pourvu.

Le plus étonnant dans cette traîtrise est la capacité d’auto-renoncement des acteurs eux-mêmes. Raymond Ndong Sima a démissionné du Parti démocratique gabonais (PDG) et a expliqué dans deux livres successifs les raisons de son désaccord avec BOA, à savoir son incapacité à respecter la Constitution. Ce qui a conduit à mettre les comptes publics sens dessous dessus. L’ancien Premier ministre va exhumer les rapports de la Banque de France pour montrer au monde entier comme BOA a accumulé « les arriérés de paiement » alors que les lois de finances successives ne le permettaient pas. Ce qui veut dire en clair que ces arriérés n’étaient rien d’au- tres que le fruit de détourne- ments massifs des fonds publics. Ndong Sima a fait fi de toutes ses propres démonstrations pertinentes pour jouer au traître pour BOA. Il ira jusqu’à manipuler quelques-uns en leur faisant croire que « l’alliance patriotique » qu’il a mise en place était porteur d’un projet présidentiel. De projet, il s’agit plutôt de jouer à l’apprenti espion dans l’opposition et les syndicats pour préparer la séquestration et le massacre des Gabonais qui a suivi. Car il ne peut pas soutenir qu’en l’espace de deux livres, BOA a changé en matière de respect de la Constitution. Il vient d’ailleurs de lui en faire une démonstration magistrale en violant l’article 11 de cette même Constitution qui lui interdit pourtant « d’interrompre » pour quelque que raison que ce soit la durée de son mandat. BOA a prêté serment mardi dernier alors que son mandat actuel court jusqu’au 15 octobre.

Bruno Ben Moubamba n’a pas joué au « pas de deux » très longtemps. Après avoir cru un temps qu’il pouvait être sincère dans sa « lutte », le peuple gabonais a très vite compris qu’il était un pion de BOA. « L’opposant » s’est d’abord illustré par des positions « héroïques ». Il a installé son QG de campagne à Kinguelé, un quartier populaire de Libreville. On ose à peine imaginer aujourd’hui la mine d’informations qu’il a pu tirer des jeunes de ce quartier et ventiler à BOA. Les escadronsde la mort s’en sont sans doute servi pour traquer certains activistes et tuer d’autres. Ben Moubamba est allé par la suite faire la bagarre aux forces de sécurité qui empêchaient l’entrée au tribunal des parents des activistes du groupe « Témoins actifs ». Celles-ci sont restées curieusement passives. Peut-être que le félon espérait un mouve- ment de foule qui aurait permis au procureur de met- tre la main sur d’autres per- sonnes ou d’imputer ces faits sur les dossiers vides des personnes emprison- nées. Ben Moubamba est aussitôt venu à la manifes- tation des leaders de l’oppo- sition accompagné de sa femme et de ses enfants. Une témérité saluée par beaucoup. On peut aujourd’hui dire qu’il ne jouait que son rôle. Les policiers qui n’ont pas hésité à charger cette manifestation pacifique avaient sans doute la consigne de ne pas toucher aux cheveux de la famille du VPM. Sans doute épuisé, Ben Moubamba va jouer une scène troublante qui finira de le démasquer. Militant actif d’une candidature unique de l’opposition, lorsque celle-ci fut actée, l’homme prendra prétexte « de la forme » pour ne plus vouloir s’agréger à cette action. Un positionnement qui a donné du tournis, mais qui était logique dans la mesure où le retrait de la course de l’intéressé rendait caducs les premiers faux procès-verbaux concoctés par les hommes de BOA en France.

Quand à Gérard Ella Nguema et Dieudonné Minlama Mintogho, ce sont des jeunes malheureusement qui occuperont des fonctions lucratives en marchant sur un tapis rouge du sang des morts d’autres jeunes Gabonais. Cela suffit à éclairer sur la valeur morale des nouveaux soutiens de BOA. La bande des quatre qui est invitée à la soupe doit savoir qu’elle a désormais sa part de responsabilité dans le sang que BOA a fait verser pour perpétrer son coup d’Etat mili- taro-politique.

Par Arthur Page

publié dans L’hebdomadaire Echos du Nord du 4 Octobre 2016

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