
L’épineux dossier de l’orientation des 34.000 admis en classe de 6ème devrait pouvoir trouver une solution au cours des semaines à venir. Le ministre de l’Education nationale et de l’Education civique, Florentin Moussavou, sous l’égide du gouvernement non plus de l’émergence mais de l’« égalité des chances », s’apprête à mettre en œuvre la plus ridicule et ingénieuse idée qu’il soit : transformer certaines écoles primaires en établissements secondaires.
L’école gabonaise est vraiment malade. Et, Florentin Moussavou, tête de Turc du gouvernement Issoze Ngondet, contribue à sa manière à la mort de celle-ci. C’est le moins que l’on puisse dire devant le « carton rouge » qu’il vient de donner à l’école publique gabonaise. En effet, les écoles publiques de Belle Vue I, Damas I et du Cap Estérias vont se muer en établissements d’enseignement secondaire d’ici à la date du 31 octobre prochain, prévue pour la rentrée des classes, pour accueillir les 34.000 âmes admises à l’enseignement secondaire. Voilà comment le gouvernement de Bongo Ondimba Ali, alias BOA, veut pallier à la fois l’urgence de la construction de nouveaux établissements et la réduction des effectifs pléthoriques. Le fait est tout de même coutumier chez les émergents. Il y a quelques années encore, pour des raisons similaires, des jeunes apprenants gabonais ont reçu des enseignements, plusieurs années durant, dans les annexes, érigés en collège d’enseignement secondaire par le gouvernement, du stade de l’Amitié d’Angondjé.
Si dans le milieu des flatteurs et des ventres creux de l’émergence la décision paraît salutaire, elle n’est pas au gout des syndicats de l’éducation, notamment de la Convention nationale des syndicats de l’éducation, Conasysed, qui y voit un échec des autorités. « Nous avons accueilli la nouvelle avec beaucoup de regret et d’amertume d’autant plus que nous constatons que les écoles primaires publiques sont en voie d’extinction dans notre pays(…). En tant que confédération syndicale, nous avons fortement interpellé le gouvernement sur cette question. C’est pourquoi nous faisons, entre autres, de la construction des établissements une exigence dans notre cahier de charges », a précisé Hassane Mombo, un des ténors de la Conasysed, au cours d’une interview. Avant de s’indigner du silence coupable de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves du Gabon, Fénapeg, qui selon le délégué confédéral, a toujours été prompte à critiquer les mots d’ordre de grève lancés par la Conasysed. Cependant, la Fénapeg reste souvent muette lorsque le gouvernement se fourvoie.
Comment en est-on arrivé à cette décision étriquée du gouvernement gabonais? Va-t-on, à moyen et long terme, vers une privatisation de l’école gabonaise ? Que vont devenir ces élèves de Belle Vue I, Damas I et du Cap Estérias bientôt délogés de leurs écoles ?
Ce sont là des interrogations qui méritent bien des éclaircissements de la part des autorités compétentes.
Nedjma leMonde
publié le 24 Octobre 2016