Port- Gentil dans le recueillement

Posté le 11 Oct 2016
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arton38109Dans une note au ton menaçant datée du 05 octobre 2016 et signée du Secrétaire général de la Mairie, soit un jour avant la date prévue pour la journée de recueillement en mémoire des victimes tombées sous les balles des « Tontons Macoutes » de Bongo Ondimba Ali, alias BOA, Sylvestre Onanga soulignait à l’attention des secrétaires généraux d’arrondissement, des directeurs et des chefs de service de l’administration municipale, que des mesures drastiques seront prises à l’endroit de tous les agents absents à leur poste de travail.

Pour rappel, c’est le 29 septembre dernier, au cours d’une conférence de presse, que Jean Ping, président élu démocratiquement du Gabon le 27 août 2016, avait lancé à l’endroit de tous les Gabonais l’observation d’une journée de deuil national le jeudi 6 octobre 2016.
« Sur instruction de Monsieur le Maire, il vous est demandé de dresser une liste de présence au poste des agents municipaux pour la journée du jeudi 6 octobre 2016. Les agents absents à leur poste de travail ne percevront pas leurs émoluments du mois en cours
» indiquait le communiqué. La menace est donc claire, jeudi étant un jour officiellement ouvrable, il n’est point question pour le Secrétaire Général de la Mairie de Port-Gentil de tolérer une absence au motif d’une « certaine journée de recueillement » en hommage aux victimes de la crise postélectorale. Mais la population de Port-Gentil, fief de la contestation nationale et véritable poudrière, a outrepassé cette mise en garde.

Les diverses activités de la capitale économique, ville victime d’émeutes après l’annonce des résultats provisoires de la récente élection présidentielle, ont tourné quasiment au ralenti. Même les voyages par voie maritime, à destination de Libreville, prévus le jeudi 6 octobre courant ont été simplement annulés sans qu’aucune explication ne soit donnée aux clients. Si d’aucuns, par peur des représailles, ont honoré de quelques heures de présence leurs différents lieux de travail, la ville pétrolière, dans sa grande majorité, a observé la journée de recueillement lancée par Jean Ping, malgré les menaces et les intimidations des autorités municipales. Devant le siège du parti gabonais du progrès, PGP, partie dont est membre Jean Ping, de nombreux militants et sympathisants ont par contre exprimé leur mécontentement quant à la répression du régime PDG de BOA. Les « forces de l’horreur » ont très vite quadrillé la zone en interdisant toute circulation sur la voie jouxtant le siège du parti cher à Me Louis Agondjo Okawé.

Des témoignages concordants des travailleurs qui ont fait un tour éclair dans les bureaux affirment que les administrations étaient vides de moitié. La ville de Port-Gentil ne s’est réveillée finalement de sa sieste qu’enfin d’après-midi.

Nedjma leMonde

publié le 9 Octobre 2016

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