
Les autorités du Ministère de l’Education Nationale et de l’Education Civique ont décidé d’harmoniser les coefficients au niveau du premier cycle de l’enseignement secondaire. Ainsi, le coefficient 1 sera affecté à toutes les matières. Le prétexte avancé est que cela baisserait le taux d’échec scolaire. Mais quelle en sera la conséquence sur la qualité des élèves produits par le système scolaire gabonais et leur capacité à être compétitifs dans les universités ?
A la question de savoir quelle serait la solution pour réduire le taux de redoublement, Florentin Moussavou estime qu’il y a lieu « de ramener le premier cycle à un niveau normal, en considérant que les élèves sont en initiation. Les coefficients ne s’imposeront que lorsqu’ils passent en spécialité, à partir de la Seconde. La conclusion des experts nationaux, en accord avec l’expertise extérieure, est de mettre un coefficient (1) dans toutes les matières».
Le ministre Florentin Moussavou a-t-il oublié que dans l’éducation, les notes constituent la façon la plus fiable pour l’évaluation en continue des compétences et de la valeur des élèves ? Ces notes sont assujetties à des coefficients qui leur donnent des valeurs relatives qui ont un impact sur la moyenne, suivant que l’élève soit bon ou mauvais dans la matière donnée.
Pour Wendy Appindangoye N’guia Kahma, doctorante et enseignante en Histoire, « l’échec scolaire au Gabon est d’abord lié au manque d’investissements chroniques dans le secteur de l’éducation (classes en sureffectif, manque de professeur, manque de matériel, etc.). Le système scolaire gabonais est sinistré. L’autre raison qui explique l’échec scolaire est le cadre familial : les enfants dont les parents n’ont pas les moyens d’assurer la rentrée se retrouvent sans manuels et sans matériel. Ceux dont les parents ont un niveau scolaire faible ne peuvent bénéficier d’aucune aide pour les devoirs et les révisions. Ces deux facteurs à eux seuls sont déjà très handicapants pour les élèves gabonais. C’est sur ces facteurs là que l’échec ou la réussite de la grande majorité des élèves gabonais se joue», a-t-elle précisé sur le site de Gabon Média Time.
Avant de poursuivre ainsi, « Quel message envoie-t-on aujourd’hui à la jeunesse gabonaise quand on lui montre qu’on peut rattraper un 2 en mathématiques par un 18 en enseignement ménager ? Alors que l’on sait que dans notre pays nous manquons de scientifiques, de médecins, de techniciens, d’enseignants, etc. Comment souhaiter en former plus si, dès le collège, nous n’incitons pas les enfants à travailler dans certaines matières cruciales pour leur avenir ?
Les élèves gabonais qui vont s’habituer à compenser leur médiocrité en mathématiques avec des bonnes notes en sport, dessin, enseignement ménager ou en musique n’auront probablement pas la confiance d’affronter la rigueur des séries scientifiques.
Le ministre de l’Education nationale a-t-il oublié que les coefficients sont attribués en fonction de l’importance accordée aux matières dans la société. Il est mondialement admis que les sociétés les plus développées aujourd’hui sont celles dans lesquelles les découvertes scientifiques sont les plus marquantes. Et, le financement de ces découvertes dépend de la valeur attribuée aux matières scientifiques.
Le Gabon étant un pays sous-développé et sous-équipé, pour sortir de cette situation, il a besoin des ressources humaines bien formées. De plus, les écoles de la République doivent disposer des salles de classe de 35 élèves au maximum ; des équipements informatiques, laboratoires des sciences, enseignants, techniciens, ingénieurs, et scientifiques en nombre suffisant. Alors seulement là, ce qui se fait en Europe pourra être adapté au contexte gabonais.
En ce moment, affirmer que le système éducatif gabonais est bien malade est un euphémisme. L’harmonisation des coefficients n’est qu’un simple placébo. Florentin Moussavou et sa horde de conseillers et directeurs touristes ont mieux à faire car le déroulement de l’année scolaire 2016-2017 est très hypothétique. Ce n’est ni la Conasysed ni le Séna qui démentiront cela.
La crise multiforme que traverse notre pays depuis l’élection présidentielle truquée du 27 août dernier sévit sur le secteur éducation.
Shekina O.
publié le 16 Octobre 2016