
« Gardez espoir et restez mobilisé ». Voilà qui devra redonner force et courage, et décupler la détermination des Gabonais. Voilà qui fera réaliser aux partisans de la reculade et des atermoiements qu’ils ont eu tort de penser qu’ils avaient la vision juste au lendemain des troubles post-présidentielles du 27 août dernier. Les propos de René Ndemezo’o Obiang, de Louis Gaston Mayila, qui du reste, continue sa mission lugubre pour encourager le dialogue, tombent désormais en désuétude. Ces derniers ont parié trop vite sur l’effet phallique de la réaction des 31 août et 4 septembre derniers. Et que, pour avoir vu autant d’exactions et de personnes tuées, cela cloîtrerait les Gabonais définitivement dans leurs maisons.
Erreur. A Paris, les Gabonais viennent, le 26 novembre dernier, de passer leur 14eme semaine de mobilisation. A Washington, ils ont délogé Marie Madeleine Mborantsuo du Four Seasons Hotel. Elle a dû aller se cacher ailleurs. Puis elle a pris l’avion en catimini pour la France. Même à Lourdes où elle pensait se réfugier, Mborantsuo a été dénichée assise sur un banc devant la Grotte des apparitions de la Sainte Vierge Marie à Sainte Bernadette. Nous lui avons pourtant dit que le monde sera bien petit pour elle. Pour sa gouverne, elle ferait mieux de renoncer à la conférence de Yaoundé, le mois prochain, sur l’Etat de droit (Nous y reviendrons dans notre édition de mercredi). Ces Gabonais qu’on disait « maboules » et « peureux » sont en train de donner une leçon au monde.
« Gardez espoir et restez mobilisés ». Parce que « « Les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts, ni par les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais ». Samedi, la junte militaro-putschiste a déployé un dispositif dissuasif de brigades anti-émeute pour empêcher que les Gabonaises et les Gabonais n’accèdent à l’aéroport Léon Mba. Malgré cela, des centaines de Gabonais sont passés à travers les mailles du…dispositif. La vague jaune a ainsi envahi l’aéroport. Et par milliers. Tout comme par milliers ils se masseront autour de lui, au point que nombre d’entre eux n’ont pas pu pénétrer à l’intérieur de son quartier général devenu exigu vu la foule. Le message est clair : « Nous n’abandonnerons pas ». C’est la réponse d’un jeune homme qui a fait un tour à la préfecture de police, interpellé parce qu’il voulait se rendre à l’aéroport. Cette attitude, les Gabonais l’affichent depuis le 31 août. Ils l’affichent à travers leurs jeunes emprisonnés, ou victimes de sévices corporels. C’est l’attitude qu’Enrique Mamboundou a affichée à sa sortie de prison.
Quelques esprits ont été troublés par les photos de la présence de BOA aux côtés de François Hollande au sommet de la Francophonie, ou par des images d’une poignée de main entre les deux hommes. Que ces personnes se souviennent que la même France, plus forte que la France de Hollande, a soutenu mordicus Ben Ali. Ce dernier a pourtant été chassé par la mobilisation du peuple tunisien. La leçon de la Tunisie est là pour dire que les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n y a pas pour le Gabon des raisons exceptionnelles qui infléchiront la détermination des Gabonais. Cela devrait instruire les uns et les autres, notamment ces Gabono-pessimistes, ouailles de personnalités déchues. Le cas Gbagbo est un autre exemple. Bien qu’installé par une Cour constitutionnelle, il a été dégagé pour la Haye. Cela peut-être discutable. Mais il reste une évidence : lorsqu’un peuple est déterminé à changer son destin, il n’y a pas devant lui d’obstacles si hauts qu’il ne puise franchir. Ceci pour dire que leur détermination à renverser la vapeur et à se faire justice ira crescendo dans les tout prochains jours.
Dans son allocution, Jean Ping a déclaré attendre la publication du rapport des observateurs de l’Union européenne. A ce moment-là, il fera une importante déclaration. Affirmer que les Gabonaises et les Gabonais de la résistance attendent ce moment avec impatience serait une lapalissade. Il a promis aller jusqu’au bout. Le peuple a répondu : « Jean Ping si tu avances, on te suit ». D’où l’espoir et la mobilisation pour l’accompagner « jusqu’au bout ». C’est la leçon du « samedi jaune » de Libreville.