C’est certain, Bongo Ondimba Ali (BOA), passé de chef d’Etat élu en 2009 « pas comme on l’entend » à chef de la junte militaro-putschiste soutenu par le pouvoir socialiste à l’Elysée, est au plus bas. Il pensait que le séjour marocain allait être la consécration de sa campagne de normalisation. A la COP22 qui réunissait le gratin des chefs d’Etat de la planète, et quelques émirs du Golfe persique, BOA s’est-il convaincu qu’il suffirait de serrer quelques mains qui comptent et le passage en force de la junte, préparée minutieusement sur plusieurs années, s’oublierait de fait ? Malheureusement pour lui, le mal lui colle aux basques. Et le mal, c’est ce rapport des chefs de la mission d’observation de l’Union africaine, commis pour assister au recomptage des votes. Rapport à charge. Il contient une somme de détails qui vient gripper tout le processus de tricherie validé par la Cour constitutionnelle.
Et justement, la mission avait noté que « l’Observation de (l’) audience juridictionnelle a révélé la profondeur de la crise (…) Au regard de tous les éléments, il est urgent d’envisager de différer la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle car quels qu’ils soient, les risques d’implosion sociale sont très élevés ». En clair, la position des observateurs favorisait l’examen minutieux des procès-verbaux (PV). Du reste remis en question. Notamment ceux du Haut-Ogooué, suspects par leur perfection. En langage simple, les observateurs laissent entendre qu’il est incontestable que de tels PV ne puissent pas être autre chose que le produit d’une réédition. Conclusion : les PV du Haut-Ogooué ont été refaits. Et les résultats de cette province sont faux.
Voilà qui donne du grain à moudre aux amis de la démocratie. Au rang desquels le bloc des membres de l’Union européenne, hors les clans de la gauche Ayrault-Valls-Hollande (AVH). Quant à ceux-là, leur duplicité est mise à nu. Car Ayrault, parlant au nom de la France, dans une de ses nombreuses déclarations, avait fini par refiler le bébé à l’Union africaine (UA). Convaincu que cette mission se heurterait à l’orgueil des autorités gabonaises, en tête desquelles Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle, MMM ou « appelez-moi dieu », et de BOA, via ses sbires. Ainsi le club AVH, qui se frottait tranquillement les mains, tirant les ficelles derrière les rideaux, resterait irréprochable. Assurés qu’entre eux et le peuple gabonais se dresserait un jeu d’écrans opaques : la Cour constitutionnelle d’un Etat souverain et la responsabilité d’une instance africaine. Assurés surtout que cette instance, pilotée au sommet par un autre chef d’Etat tout aussi mal élu, rendrait des conclusions sans équivoques et surtout aseptisées. Mal leur en a pris.
Le rapport de l’UA vient de doucher l’euphorie de BOA qui pensait renouer avec sa vie de villégiature à la rencontre des grands de ce monde. Alors, si le rapport de l’UA lève autant de lièvres, qu’en sera-t-il du rapport de l’Union européenne où les observateurs, déjà sur place au Gabon, avaient dénoncé des anomalies dans les résultats que s’apprêtaient à rendre le ministre de l’Intérieur ? Voilà qui vient de gâcher le voyage de plaisance au Maroc du chef de la junte militaro-putschiste. Et qui complique davantage la tâche à MMM alias « appelez-moi dieu », qui vient de commettre l’ineptie d’invalider le recours en révision de la décision du 23 septembre, dans le mépris le plus marqué, sans même l’examiner au fond. « Appelez-moi dieu » persiste donc et signe. Mais trop tard. La mission de l’UA confirme que MMM dite « appelez-moi dieu » s’est copieusement rendue complice dans la falsification des résultats.
BOA, qui n’a pas souvent eu l’habitude de descendre au niveau du Gabonais lambda, se croyant investi d’une supériorité congénitale, va devoir s’efforcer de poser ses pieds sur le même sol que tous. Parce que tout repart à zéro, simplement. Il ne saurait en être autrement. Du coup, son idée de dialogue tombe en désuétude.
Et d’ailleurs, quel sens aurait un dialogue quand le monde entier, via les instances internationales, à qui BOA veut faire la démonstration du démocrate qu’il n’est pas, est en train de lui dire sans ménagement : « Monsieur, vous avez lamentablement triché le 27 août dernier ! » Point barre. Quant au dialogue, voici ce qu’on en fait… !!!
C’est certainement pour sauver la face de BOA que MMM « appelez-moi dieu » s’est aussi précipitée à transmettre aux avocats de Jean Ping, via un banal message, le rejet de son recours en révision des « décisions n°50/CC et n°52/CC 2016 relatives aux recours en réformation des résultats de l’élection du président de la République dans la province du Haut-Ogooué ». Résultats qui ont proclamé l’échoué Bongo Ondimba Ali admis et l’admis Jean Ping échoué. Quel mépris ! On n’a envie de crier haut et fort : « ON EST OÙ LA !!!»