Des Casques bleus gabonais mis en cause dans une affaire d’abus sexuels en Centrafrique

Posté le 08 Déc 2016
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Des 41 Casques bleus incriminés de la Mission de l’Organisation des Nations unies en Centrafrique, Minusca, des militaires gabonais sont soupçonnés d’avoir commis des agressions sexuelles dans la préfecture de Kemo, au centre du pays, entre 2014 et 2015. C’est ce que révèle une enquête de l’Onu rendue publique le 5 décembre dernier.

Après une enquête qui a duré quatre mois, et menée en coopération avec des enquêteurs burundais et gabonais, des preuves ont été apportées contre 16 Gabonais et 25 Burundais servant dans la Minusca, selon le porte-parole de l’Onu, Stéphane Dujarric. Il appartient maintenant aux deux pays mis en cause de mener des enquêtes supplémentaires et de condamner pénalement leurs nationaux, s’ils sont reconnus coupables, eux qui ont quitté la République centrafricaine, RCA, depuis plusieurs mois déjà.
« Les Nations unies ont transmis le rapport d’enquête aux deux Etats membres, y compris les noms des présumés responsables identifiés, et ont réclamé que des poursuites judiciaires appropriées soient engagées », a ajouté Stéphane Dujarric.
Au total, 139 victimes potentielles ont été interrogées, dont 25 mineures. Les 41 suspects ont été reconnus à partir de photos et d’autres indices par 45 victimes, alors que 83 d’entre elles n’ont pas été en mesure d’identifier leurs agresseurs ou de fournir des preuves probantes. De plus, huit demandes en reconnaissance de paternité ont été faites, dont six par des mineures.

cb-gabonaisL’Onu souligne que les enquêteurs se sont appuyés principalement sur des témoignages, par manque de preuves matérielles ou médicales.

Depuis mai dernier, de multiples accusations ont été enregistrées. Elles portent notamment sur des agressions sexuelles commises entre 2014 et 2015 à Dekoa, dans la préfecture de Kemo, là où étaient stationnés les contingents burundais et gabonais de la Mission. Aujourd’hui, la réputation des Casques bleus est souillée par une série de scandales concernant des abus sexuels commis en particulier en République centrafricaine.

Ainsi, le dernier rapport annuel du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, recensait 69 cas d’agressions sexuelles commises par des Casques bleus en 2015, dont la moitié dans deux missions seulement: la Minusca et la Monusco en République démocratique du Congo. Depuis, 44 nouvelles accusations se sont ajoutées en 2016. Rappelons que des soldats français de l’opération Sangaris opérant en RCA avaient été accusés de viols d’enfants et d’abus sexuels. La justice française a ouvert des enquêtes sur ces cas.

Le Gabon a promis des sanctions à l’encontre de ses Casques bleus soupçonnés d’abus sexuels en Centrafrique par les Nations unies si les faits étaient confirmés, dans un communiqué publié jeudi par le ministère de la Défense.

« Le ministère de la Défense nationale assure le peuple frère centrafricain et nos partenaires internationaux que des enquêtes adéquates sont menées pour faire la lumière sur cette affaire, et les personnes impliquées seront sanctionnées de façon appropriée », indique le communiqué signé par le ministre de la Défense Etienne Massard Kabinda, également secrétaire général de la présidence.

Aria Starck

publié le 8 Décembre 2016

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