Les Gabonais avaient décidé, dès l’entame de la dernière présidentielle que 2016 ne sera pas 2009. Ils l’ont démontré. Depuis plus de 100 jours maintenant, les Gabonais sont mobilisés et de diverses manières.
Dès le 31 août, la rue a grondé dans la totalité des villes du Gabon, de Libreville à Mouila. Et depuis, des actions de résistances se multiplient. Les 61% de Gabonais qui ont accordé leurs suffrages à Jean Ping continuent de refuser cette énième usurpation. A cela, ils ont ajouté une dose de détermination pour rentrer dans leur droit. En clair, leur objectif est d’éjecter BOA du siège qu’il occupe illégitimement. C’est cette détermination que les « Panthères » montrent depuis 100 jours.
En France et dans de nombreuses villes au monde où résident des Gabonais, la résistance s’exprime à travers des marches et la traque des miliciens de la junte qui osent débarquer dans l’espace Schengen. Le dernier en date à en avoir fait les frais est Pacôme Moubelet Boubeya dont les abords de l’immeuble où il réside à Puteaux ont été couverts d’affichettes pour montrer au voisinage son rôle dans le coup d’État électoral d’août dernier. Il aura auparavant reçu un accueil mérité à Roissy par un compatriote qui l’y attendait. Ce compatriote était seul. Et malgré le garde du corps de Moubelet, il lui a offert son cadeau de bienvenue sur le sol français. Avant lui, c’était Léon Nzouba. Et aux Etats-Unis, Marie-Madeleine Mborantsuo et son compagnon ont été chassés de l’hôtel Four Seasons par la pugnacité des Gabonais de Washington. « Appelez-moi dieu » et son homme ont ensuite tenté de trouver refuge à la grotte mariale de Lourdes ; là aussi ils ont été dénichés. A côté de ces actions, les Gabonais de France manifestent tous les samedis. Des jeunes organisés dans divers mouvements, dont JOUR, s’activent au Gabon. Et ils sont déterminés à poursuivre ces manifestations jusqu’au départ de l’occupant illégitime du Bord de mer, BOA-Honoré.
Tout ce monde n’a pas compris qu’il est impossible de voler une élection de nos jours. Mo Ibrahim affirmait que vu la floraison des médias sociaux, cela devenait impossible. Sur le même registre, Christophe barbier, éditorialiste du magazine l’Express, livrait un argumentaire dans ce sens. Ceci pour comprendre pourquoi il était impossible de voler des élections. Nous vous en livrons l’intégralité.
« Il y eut la jurisprudence ivoirienne. Il y aura sans doute l’exemple gabonais. Plusieurs leçons à titrer du chaos actuel au Gabon. D’abord on ne peut plus être élu par la force ou par la triche ; on ne peut plus transformer la démocratie en instrument de pacotille. Qui vient suppléer des dictatures. Non. Ceux qui veulent rester au pouvoir malgré le choix des électeurs, ils se font attraper. Eh bien il y a la transparence, il y a internet, il y a des réseaux sociaux, il y a des observateurs internationaux ; il y a un monde médiatisé et cela devient de plus en plus difficile pour les tricheurs et les escrocs du pouvoir de se maintenir. Et en toute évidence Ali Bongo est de cette catégorie. Ensuite il y a une autre leçon à retenir pour nous Français. La Françafrique n’est plus ce qu’elle était et c’est tant mieux ; c’est un surgeon du passé colonial, mais pour l’instant, rien de bien clair n’a remplacé la Françafrique. On voit bien aujourd’hui que Paris est à la fois ennuyé et inquiet de la situation au Gabon et ne veut pas mettre sa tutelle de manière trop visible ; et tout de même, en dessous, essaye de tirer des ficelles pour trouver une issue. Quand on n’a pas de mandat de l’ONU on ne peut pas recourir à la force. C’est une bonne chose. Quand il n’y a pas de nécessité de demander un mandat de l’ONU comment fait-on ? Comment amener à la raison des acteurs d’un système qui peuvent emporter tout un peuple dans un chaos. C’est çà le devoir de la France. Pas au nom du passé, au nom du présent. Parce que cette jeunesse francophone nous concerne où qu’elle soit, et on nom surtout de l’avenir parce que l’avenir de l’humanité toute entière passe et passera de plus en plus par l’Afrique ; et de son bon développement, économique et démocratique, dépendra notre bonheur futur. »
Nous traduisons Barbier autrement : le chaos au Gabon générera incontestablement de l’instabilité dans les relations franco-africaines. Pour éviter cette option sombre, il est mieux d’extraire le mal. Et extraire le mal c’est reconnaître au peuple gabonais sa liberté exprimée le 27 août dernier. Rappelons que Christophe Barbier a produit cet éditorial au début du mois de septembre. Mais il reste d’actualité. Parce qu’il parle à la France sur sa responsabilité.
L’on n’a pas entendu François Hollande sur la crise électorale au Gabon. Un rapport doit être rendu et ce rapport devra permettre au président français de rattraper le coup. Le député de Seine-et-Marne, il y a quelques semaines, rappelait ce devoir et cette responsabilité, au nom de l’histoire et de l’avenir. Ce rapport doit remettre les pendules à l’heure. Au moment où BOA-Honoré utilise toutes les entourloupes pour berner la France. Les élections législatives sont repoussées sine die. Et si l’opinion publique gabonaise, favorable à Jean Ping, les trouvait inopportunes, il n’en demeure pas moins que la France les voulait comme solution de sortie de crise. BOA-Honoré, en les repoussant, dit justement à la France que le maître à bord c’est lui, que leur coup de main c’est du passé du moment qu’il a le pouvoir. Et que de toutes les façons, il y a la Chine.
Mais la France doit véritablement comprendre sa responsabilité dans cette crise. Elle l’a aggravée en ne sachant pas utiliser ses ficelles. 100 jours c’est mythique dans l’action des hommes. On parle toujours des 100 premiers jours d’un président pour mesurer ce que sera le mandat. En bien ou en mal. 100 jours de résistance signifient que les Gabonais ne reculeront pas. Plus jamais !