
La ville de Tchibanga, chef-lieu de la province de la Nyanga au Sud du Gabon, traverse un véritable calvaire avec de longues coupures d’électricité entrainant par la même occasion un manque d’approvisionnement en eau, et ce sans explication de la part de la Société d’énergie et d’eau du Gabon, SEEG, aux populations.
Les habitants de la ville de Tchibanga ont dû exprimer leur ras-le-bol face aux délestages récurrents dont ils sont victimes depuis plus d’un mois, en imposant depuis le 21 janvier dernier, un couvre-feu littéralement suivi par les populations et ce malgré les interventions des forces de l’ordre.
Décidés à se faire entendre, les jeunes ont établi un couvre-feu dans les principaux carrefours de la ville, en brulant de vieux pneus en signe de protestation contre les délestages en eau et en électricité de la SEEG, tout au long de la journée.

En dépit des garanties formulées par Guy Bertrand Mapangou, par ailleurs natif de la ville, de voir la situation rentrer rapidement dans l’ordre, force est de constater que l’eau et le courant sont devenus des denrées rares. « Ici à Tchibanga, nous ne savons pas si nous sommes en ville ou au village avec la situation dans laquelle nous sommes plongés actuellement. Nous passons des fois des journées sans courant », a dénoncé un jeune fonctionnaire également touché par les délestages.
En 2015, les villes de Tchibanga, Mouila, Ndendé et Lébamba étaient déjà soumises à ces coupures intempestives. L’inachèvement des travaux de construction du barrage de l’impératrice Eugénie, sur le fleuve Ngounié à Fougamou, avait été pointé du doigt. Lancé en 1974, ce projet a connu des fortunes très diverses qui l’on retardé jusqu’à ce jour.
Aujourd’hui, avec ces coupures régulières d’électricité, la ville présente un aspect funeste du fait des perturbations de l’activité économique. De plus, les habitants passent des journées sans se laver par manque d’eau. Autres conséquences néfastes, la détérioration des appareils électroménagers et bureautiques, ainsi que la consommation, devenue impropre, des aliments frais et surgelés. « Nos enfants apprennent difficilement. Nous ne consommons plus les aliments comme le lait et les yaourts, car ils sont mal conservés dans les magasins faute de courant », a expliqué un habitant. Comme solution palliative, les familles les plus nanties s’offrent des groupes électrogènes. Faute de ce moyen d’éclairage, la bougie est utilisée et les populations sont plongées dans un grand désarroi. Mais pour combien de temps ? Nul ne le sait, d’autant plus que la SEEG ne communique pas.
Pour rappel, la SEEG avait menacé le gouvernement, dans une interview parue dans L’Union du 20 décembre 2016, de la bouche de son Directeur Général, M. Antoine Boo, qui avait invité les autorités à solder dans les plus brefs délais les factures impayées de l’Etat dont le montant s’élève à plus de 45 milliards de francs Cfa. Une situation d’endettement qui perdure : « Si cette situation d’impayés perdure, on ne pourra plus assurer la fourniture d’eau et d’électricité 24h/24h. Car, si on n’a plus la capacité de mettre du combustible dans nos centrales électriques, elles ne pourront plus tourner comme il se doit. Il y aura donc des délestages et les populations seront pénalisées tout comme l’administration. Nous devons trouver rapidement une solution adéquate », avait-il averti.
Dans ce cas, le problème reste entier, car nous le savons, notre pays est dans une situation de surendettement. Pendant que Boa et ses sbires dépensent des milliards pour se faire humilier en raison d’une élimination prématurée de l’équipe nationale à la Can 2017, ce sont les populations qui subissent quotidiennement les affres de la chaleur et des moustiques.
par Aria Starck
publié le 28 Janvier 2017