
C’est quoi la panthère noire ? Certains diront machinale- ment un mammifère de l’or- dre des carnivores qui vit et sévit dans les forêts tropi- cales. Des hommes de sciences diront en plus que la panthère noire n’est pas une classe à part. Ce sont la plupart du temps des léo- pards, des panthères et par- fois d’autres félins qui subissent une mutation génétique appelée méla- nisme. C’est simplement cette mutation qui conduit à la formation de son pelage noire.
Des panthères noires arborent les armoiries de la République gabonaise. Pascaline Mferri Bongo Ondimba, incapable de décrypter le sens de leur présence, a sorti une bourde en disant que ces deux panthères noires représentaient Bongo Ondimba Ali (BOA) et elle. Si l’on manquait de sérieux, on allait sérieusement en rire. En réalité, Pascaline révélait, sans qu’elle le sache, un fait macabre. BOA a-t-il fait de la panthère noire un simple symbole ? Non. La panthère noire est tout un rite dans lequel se vautrent des hommes et des femmes au pouvoir. Autour du symbole de la panthère, ils ont fait un ordre à qui ils font allé- geance. Les mystiques, les vrais, n’hésitent pas à affir- mer que c’est depuis cet ordre qu’opèrent les com-manditaires des crimes humains à but fétichiste. Voilà tout le symbole gal- vaudé.
Il est d’autant plus galvau- déque les ténors de cette ligue du sang ont cru bon de transposer non pas le sym- bole, mais l’esprit de leur secte sur la mascotte de la CanBOA-Total-Hayatou du sang. Pour eux, cela partici- perait à un envoûtement et de la population gabonaise et de tous les adversaires de la sélection gabonaise et la victoire serait assurée. Même que les bruits insis- tants ont couru sur des pra- tiques fétichistes sur l’aire de jeu où se déployaient Les Panthères du Gabon. BOA et sa horde tablent non pas sur la performance, mais sur des artifices mystico-mystiques pour arriver à leurs fins. Surtout quand l’argent mal acquis ne peut pas infléchir la détermination des adver- saires à ne jouer que leur jeu. Mais dans le monde réel, comment peut-on être amené à croire qu’arroser les pelouses d’un stade de sang de bouc peut ajouter à l’in- telligence du joueur et à sa performance physique ? C’est cette arriération qui explique pour quoi BOA et ses gens excellent dans la futilité et la volupté.
En sept ans, BOA et ses hommes ont tout tenté : des bœufs enterrés vifs à divers endroits de la capitale ; la scène la plus visible dans cet élan de croyances occultes est celle du 20 décembre 2014 où des moutons, cabris, coqs, poules et autres gallinacés ont été égorgés sur la place du carrefour Rio, pour jeter un sort sur les opposants qui devaient y tenir un meeting. Au-delà des simples animaux, les crimes humains à but féti- chiste ont dépassé les bornes au cours des sept dernières années. En sus de ces sacri- fices sinistres des marabouts et féticheurs ont afflué des lieux réputés en la matière dans le monde et en Afrique pour des pratiques occultes dans les villes du Gabon : arroser la ville de poudre et parfois répandre des fumées d’encens dans certaines artères de la capitale. Tout cela n’a pas changé l’état mental des Gabonais. Leur rejet du pouvoir de BOA, de sa personne et de sa gouver- nance n’a fait que décupler. La dernière démonstration est l’échec cuisant des « Panthères ». Alors, com- ment peut-on continuer de mettre la foi dans des pra- tiques dont les résultats sont inexistants ?
BOA ne réalise pas en plus que ce sont deux éléments qui lui ont permis d’accéder au pouvoir et de s’y mainte- nir : les institutions sous son contrôle (Cenap, Cour constitutionnelle, etc.) et l’armée. Les amulettes n’y ont eu aucun apport. Et si ces instruments avaient affi- ché une parfaite neutralité en se cantonnant au droit, les Gabonais ne l’auraient jamais subi au cours des sept dernières années. Mais même la force militaire a des limites. L’histoire de Kadhafi l’enseigne ainsi que celle des autres tyrans du Maghreb qui sont tombés depuis 2011.
Or, le peuple gabonais, qui dit son ras-le-bol, est plus que porté vers cette voie, eu égard à sa détermination. Ceci pour dire que le fétiche de la panthère noire n’est qu’illusoire. Sinon Les Panthères auraient été cham- pionnes d’Afrique ; et tous les Gabonais, rendus maboules par l’ordre de la panthère noire, allaient affluer aux stades comme des abeilles sur du miel. L’on a plutôt vu des stades vides. C’est pire depuis l’éviction des Panthères par le Cameroun. Certainement que le « fétiche » du pays de Dré Bonny est plus percu- tant que la panthère noire. Et ce fétiche est dans ce que cet activisme a désigné par qua- lité de jeu, la performance et la foi en ce que l’on fait.
Par RF
publié le 25 Janvier 2017