Les membres du Mouvement JOUR présentés au procureur ce matin

Depuis le 18 janvier dernier, Marceau Malekou, Melvin Gondjout, Alex Haore et Barry Ndimal, membres de Jeunesse de l’Opposition Unie pour la Résistance, Jour, mouvement pro Ping, sont gardés à vue depuis sept jours, de manière arbitraire, dans les locaux de la police judiciaire, a relevé le communiqué de presse de ce mouvement le 20 janvier courant.

Accusés de troubles à l’ordre public, les jeunes partisans de Jean Ping, favorables au boycott de la 31ème édition de la Can, ont initié une marche pacifique pour exprimer publiquement leur opposition à la tenue de la plus grande manifestation sportive du continent dans notre pays. Selon les termes d’un communiqué émanant de la Jour, le chef d’accusation se résumerait en l’expression publique de « leur opinion de manière calme et non violente », en brandissant des calicots en signe de protestation contre l’organisation par BOA et ses sbires de la Coupe d’Afrique des Nations, en total désaccord avec la volonté du peuple clairement exprimée.

Les membres de la Jour se préoccupent du sort réservé à leurs compagnons de lutte qui, depuis une semaine, sont l’objet d’une garde à vue « illégale » en violation de l’article 50 alinéa 2 & 3 du code de procédure pénale qui disposent que : « La durée de la garde à vue ne peut excéder 48 heures. Elle peut être prolongée d’un nouveau délai de 48 heures par autorisation écrite du Procureur de la République ».

Les accusations portées sur ces jeunes souffrent de plusieurs manquements : il n’y a pas eu ni bagarre ou acte de vandalisme, ni violence. Une garde à vue de plusieurs jours ne serait donc être justifiée dans ce cas de figure. De plus, des sources proches de la Jour, l’on apprend que les téléphones portables des jeunes leaders sont utilisés par les agents des forces de l’ordre en totale violation du droit à la vie privée et à la liberté de communication.

Alexandre Barro Chambrier, président du parti politique Rassemblement Héritage et modernité, RH&M, dont sont issus les jeunes manifestants, s’exprimant sur sa page Facebook, a condamné ces arrestations injustes : « La liberté d’expression et de pensée est une valeur fondamentale, de portée universelle. Elle doit être reconnue à tous. Il va sans dire que je condamne donc l’incarcération des jeunes compatriotes, Marceau Malekou, Melvin Gondjout, Alex Haore et Barry Ndimal, qui ont voulu exprimer leur position par rapport à l’organisation de la coupe d’Afrique des Nations », a-t-il déclaré. Pour rajouter ensuite « C’est leur droit le plus absolu. Cette mesure disproportionnée est contreproductive et totalement inutile, puisque ces jeunes marchaient sur le trottoir sans faire obstruction de la voie publique. Ces méthodes n’auront d’autres effets que d’amener les jeunes à se radicaliser, et les familles des victimes et sympathisants à accroître les rancœurs vis-à-vis de ce régime déjà honni. Y a t-il quelqu’un qui réfléchit encore dans ce navire pour tirer la sonnette d’alarme ? »

Guy Nzouba-Ndama, quant à lui, s’insurge contre cette dictature imposée par Ali Bongo : « Nous ne comprenons pas qu’un chef d’Etat puisse empêcher l’expression démocratique. La Constitution reconnaît la liberté d’expression. Lui peut se permettre de tenir ses meetings n’importe où, mais les autres n’ont pas le droit de le faire », a affirmé l’ancien président de l’Assemblée nationale. De nombreux membres de la Jour ont émis la possibilité que leurs camarades puissent être présentés devant le procureur ce mercredi, soit huit jours après leur arrestation.

Par Aria Starck