La tension s’est installée entre le vice-Premier ministre chargé de l’Habitat et son collègue de l’Éducation nationale sur la gestion de la grève illimitée qui paralyse l’école gabonaise depuis la rentrée des classes, début octobre 2016. « Quel est ce jeu ? Cherche- t-on à maintenir volontairement les syndicats dans la revendication alors que des issues existent ? Au moment où une volonté de trouver une solution commune semble à portée de main, que doit-on comprendre dans ce refus de la main tendue ?» a écrit Bruno Ben Moubamba, sur la page officielle de la vice-Primature, pour s’insurger contre la circulaire n°00006/MENEC/SG du 30 janvier 2017 prise par Florentin Moussavou, qui veut a tout prix radier les agents grévistes.
Alors qu’il avait déjà entamé des tractations avec les syndicalistes, en vue d’une sortie de crise, Bruno Ben Moubamba a exprimé sa « stupéfaction » quant à la façon d’agir de son collègue et non moins parent Florentin Moussavou. Aussi a-t-il révélé : « J’ai été contacté récemment par les syndicats concernés qui ont demandé une aide pour parvenir au dialogue et trouver une issue à la crise. Suite à ce contact, j’ai reçu pendant deux heures le ministre de l’Éducation nationale et il m’a confirmé à quel point la situation était bloquée. Nous avons convenu que j’allais proposer au Premier ministre la création rapide d’une commission interministérielle sous mon autorité afin de mener cette discussion avec toutes les parties prenantes pour mettre un terme au conflit.»
Cette cacophonie dénote tout simplement de l’amateurisme avec lequel les choses sérieuses sont traitées au sommet de l’État. Florentin Moussavou a-t-il perçu l’action de Bruno Ben Moubamba comme une volonté de ce dernier de lui ravir le dossier et donc la vedette et s’attirer ainsi les faveurs de BOA ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le responsable de l’école gabonaise, sans être un djihadiste, s’est radicalisé. Il va alors pondre la circulaire qui promet des larmes et du sang aux enseignants et syndicalistes dans les tout prochains jours. Avec le risque de radicaliser tout autant la partie adverse, déjà habituée aux coups durs venants des inaptes émergents. A-t-il réellement mesuré le contrecoup de sa note ? BBM est convaincu que, par cette circulaire, son collègue veut le torpiller : « J’ai donc informé par oral et par écrit le Premier ministre, et d’autres ministres impliqués, de ces signaux encourageants et de cette proposition de com- mission. J’ai également clairement indiqué que je recevrai les syndicats ce jeudi 2 février 2017, sans qu’aucun de mes interlocuteurs ne s’y oppose ni ne m’indique que la voie de la concertation n’était plus celle retenue.» Preuve que les putschistes ne regardent plus dans la même direction.