Grève dans l’Éducation: Florentin Moussavou jette de l’huile sur le feu…
Voilà un ministre qui vient d’ajouter un caillou dans la chaussure très inconfortable de BOA. En effet, alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il invite les partenaires sociaux à un dialogue pour sortir l’Éducation nationale de l’enlisement dans lequel il est plongé, Florentin Moussavou, dans la note circulaire numéro 0 000006/MENEC/SG datée du 30 janvier, somme plutôt les enseignants, bâton à la main, de regagner immédiatement les salles de classe, sous peine de représailles. Croyant que les enseignants allaient trembler, il vient, hélas, de plomber son ministère.
Les réactions hostiles ne se sont pas fait attendre. Les syndicalistes sont aussitôt montés au créneau pour signifier à Florentin Moussavou qu’il est très loin de les intimider et qu’ils ont déjà connu pire que ce qu’il leur réserve. Marcel Libama, membre éminent de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) : « Il y a un temps pour l’écoute, un temps pour la décision, et enfin un temps pour l’action. Depuis ton arrivée, quel temps tu as consacré pour l’écoute avant de pondre ta note circulaire insipide ? Nous ne sommes pas tes sujets. Tu es un ver- rou facile. Tu ne nous fais pas peur. Les ministres passent le syndicat reste. Le syndicat défend les travailleurs sur le lieu de travail pas à la maison. La contestation se fait sur le lieu de travail. Avant de pondre des circulaires à la con, il faut d’abord prendre connaissance des circulaires précédentes en la matière et des conventions de l’OIT sur les droits et libertés syndicales, sans oublier la loi 18/92. Nos tournées syndicales dans les établissements vont se poursuivre dans l’ensemble du pays, conformé- ment à la note circulaire sur les libertés syndicales du ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Mba Obame, et des conventions de l’OIT. »
En effet, Florentin Moussavou brandit les menaces suivantes : « sus- pension immédiate de solde, pour les personnels absents de leur poste de travail sans justification, de suspension immédiate de solde, pour les enseignants n’assurant pas effectivement leurs cours, de mise en place des conseils de disciplines, de radiation sans consultation des instances disciplinaire en cas d’abandon de poste sans motif valable pendant trois mois ». Ce à quoi répond un autre syndicaliste : « C’est ainsi qu’on dénoue les problèmes chez les faibles en passant par la vio- lence, l’intimidation, les menaces et les violations de lois. En effet, de par cet acte, le ministre vient de montrer que les grévistes ont de l’ascendance sur lui car s’il était serein, il ne devait pas agir ainsi. C’est à croire que ceux qui nous gouvernent pensent que le Gabon est un pays qui vit en autarcie. La grève est un droit. Nous avons connu plus difficile que cette épreuve, il pense que c’est usant des méthodes d’intimidation que nous allons arrêter, il se trompe.
Non, non et non, la grève ne fait que commencer. » Opposant devenu put- schiste, Florentin Moussavou ignore-t-il que la liberté syndicale existe au Gabon ? Loin d’être le fruit d’une faveur du pou- voir, elle est un des acquis de la conférence nationale, tenue à Libreville du 23 mars au 19 avril 1990. Elle indique clairement que les agents syndiqués sont protégés par la loi n° 18/92 du 18 mai 1993 fixant les conditions de constitution et de fonctionnement des organisations syndicales. « Nous avons nommé notre grève Saint Thomas. Tant que nos revendications ne seront pas satisfaites, nous n’irons pas en classe. Ceux qui pensaient que tout allait s’arrêter avec la Can viennent de faire l’amère expérience. La grève continue », a déclaré un membre du Syndicat de l’éducation nationale.
Par Sophie Beuve Mery
publié le 2 Février 2017