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L’Afrique en deuil Etienne Tshisekedi rejoint AMO et Pierre Mamboundou

L’Afrique en deuil Etienne Tshisekedi rejoint AMO et Pierre Mamboundou
Étienne Tshisekedi

Ce n’est pas seulement l’opposition à Joseph Kabila, en République démocratique du Congo (RDC), qui est en deuil. Où qu’ils soient sur le continent afri- cain, tous les partisans de la démocratie pleurent l’oppo- sant historique Etienne Tshisekedi, mort à 84 ans mercredi à Bruxelles, alors que des parlementaires européens, réu- nis dans la capitale belge, siège de la Commission euro- péenne, prenaient une résolution contre le dictateur congo- lais, aux fins d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel et du respect scrupuleux des libertés fondamentales. Les mêmes parlementaires s’intéressaient également au Gabon, où, depuis la présidentielle du 30 août 2009, la situation politique présente des similitudes avec la RDC en 2011: coup d’Etat électoral et massacre de populations non armées voulant défendre le respect du verdict des urnes.

Vainqueur face à Joseph Kabila de la présidentielle de 2011, Etienne Tshisekedi rejoint André Mba Obame (AMO) et Pierre Mamboundou dans le cercle des oppo- sants ayant remporté des présidentielles, mais qui n’ont pas eu l’heur de gouverner, des puissances rétrogrades ayant pris faits et causes pour des valets toujours taillables et corvéables à merci. L’histoire a définitivement retenu qu’AMO est le vrai vainqueur de la présidentielle antici- pée d’août 2009, consécutive au décès d’Omar Bongo, après quarante-deux ans de pillage sans vergogne du Gabon. Les langues se sont déliées, sur fond de contrition, parmi ceux qui ont eu une attitude de bienveillance ou de passivité vis-à-vis d’Ali Bongo, qui perpétra cette année- là son premier coup d’Etat électoral.

Mort en avril 2015, rongé pendant trois ans par une mala- die mystérieuse, AMO a eu droit à des obsèques natio- nales. Pas celles qui sont décrétées par le gouvernement, mais celles que le peuple réserve à un leader qu’il a réel- lement porté dans son cœur. Ali Bongo en a rougi. Comme cela peut arriver à tout être humain, il fut également saisi d’un remords, au point de supplier l’archevêque de Libreville, Mgr Basile Mve Engone, parent d’AMO, de convaincre la famille de le laisser s’incliner sur la dépouille du défunt, qui aura été, dans les années 1980 et 1990, un de ses précepteurs en politique, à la demande d’Omar Bongo.

En octobre 2011, mort dans des circonstances non encore élucidées, Pierre Mamboundou eut aussi droit à des obsèques nationales organisées par les Gabonais. A Libreville, ils avaient refusé le programme officiel, qui prévoyait des hommages institutionnels à l’Assemblée nationale pour le député de Ndendé, préférant un hom- mage populaire à la place de Rio. Le charismatique prési- dent de l’Union du peuple gabonais (UPG) avait eu les suffrages de ses compatriotes en 1998 face à Omar Bongo et, vraisemblablement, en 2005.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute que, comme ses frères gabonais, Etienne Tshisekedi sera pleuré par le peuple congolais, qu’il a tant aimé et qui l’a tant aimé. Le put- schiste Joseph Kabila, à l’image de son confrère Ali Bongo, en rougit déjà. Il n’a pas trouvé mieux que d’en- voyer des policiers disperser les Kinois qui affluaient au domicile de leur leader. Même mort, l’opposant continue de lui faire peur. C’est le même cauchemar que le défunt AMO fait vivre à Ali Bongo, si l’on s’en tient aux rumeurs de tentatives de profanation de sa tombe, à Medouneu. Mais l’Afrique digne doit cesser de se consoler avec les obsèques nationales qu’elle organise pour ses fils « mal- chanceux ». Les partisans de la démocratie doivent faire bloc pour que ceux qu’ils élisent exercent effectivement le pouvoir. C’est le défi qui est lancé aux Gabonais. Il ne faut pas que Jean Ping, qu’ils ont choisi librement le 27 août 2016, aille agrandir le cercle des présidents élus qui n’au- ront pas gouverné.

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