Les agents du ministère des Affaires étrangères en grève illimitée

Après trois mois d’attente, les agents du ministère des Affaires étrangères réunis au sein du syndicat des agents des Affaires étrangères, SAAE, ont décidé, à l’unanimité, de rentrer en grève illimitée le mardi 14 février dernier, suite au mutisme affiché par le gouvernement face à leurs revendications.

Les agents membres du SAAE sont revenus à la charge après un délai de trois mois accordé au gouvernement pour la résolution de tous les points de revendication contenus dans leur cahier des charges : « L’assemblée générale est souveraine; elle a décidé de rentrer en grève. Le ministre Pacôme Moubelet Boubeya a été incapable de trouver des solutions à nos revendications, malgré le délai de trois mois que nous lui avons donné », a tenu à préciser Thierry Essam, secrétaire général du SAAE.

Les préalables de la levée de grève porteraient sur deux points essentiels dont le paiement de la prime de servitudes diplomatiques, PSD. Selon les arguments avancés par la tutelle, qui malheureusement n’ont pas convaincu les membres du SAAE, vu le maintien de certaines primes au sein d’autres départements ministériels techniques « pourvoyeurs de richesses », et ce en dépit de l’existence de la prime incitative à la performance, PIP, il apparaît que celle-ci et la PSD feront l’objet d’une fusion : « Les primes de servitudes diplomatiques sont suspendues depuis plus de 7 ans. Alors que d’autres ministères comme la marine marchande perçoivent encore ces primes-là », a relevé Ghylain Bouykandji, président du SAAE.

Parmi les revendications majeures, les membres du SAAE soulignent les conditions de travail difficiles. Ils réclament la réfection des commodités du principal bâtiment administratif : « Une maison de verre à l’aspect extérieur resplendissant, et dont l’intérieur est malheureusement plongé dans un état exécrable, avec de nombreux dysfonctionnements. Les ascenseurs sont hors de service depuis de nombreuses années et la climatisation est à l’arrêt depuis plus de 5 ans. L’éclairage est défaillant et les sanitaires sont hors d’usage. Avec tous les risques de santé que cela peut occasionner ! Pour le président du SAAE, la décrépitude des bâtiments est une situation alarmante et dangereuse: « Depuis plus de sept ou huit ans, les ascenseurs sont hors service et la climatisation est défectueuse dans les bureaux. Les bâtiments du ministère présentent des dangers pour notre santé à cause de l’absence de ventilation. Un tableau lugubre malgré les fonds alloués annuellement pour l’entretien des bâtiments ».

Les membres du SAAE remettent donc en cause la gestion calamiteuse des fonds publics alloués au ministère des Affaires étrangères; la preuve : au cours de l’exercice 2013, plus de 73 millions de francs Cfa environ ont été décaissés pour les besoins de la cause. Aucun changement n’est perceptible et aucune ligne budgétaire n’a été supprimée jusqu’à ce jour. Au contraire, la situation va de mal en pis. Les fonds débloqués par l’Etat ont toujours été détournés sans que personne ne s’en émeuve. Les syndicalistes exaspérés par la situation crient au loup.

C’est cette même gestion catastrophique des deniers publics qui jette un voile sur les questions de formation au sein du ministère des Affaires étrangères, et des explications y relatives ne sont pas fournies jusqu’à présent : « Les diplomates gabonais ne bénéficient plus de formation depuis plusieurs années déjà », a déploré Ghylain Bouykandki. Une situation dénoncée avec beaucoup d’énergie par les syndicalistes qui ne comptent pas fléchir tant que toutes ces questions n’auront pas trouvé des solutions. Sans oublier la lisibilité et la traçabilité dans l’orientation des fonds publics affectés à l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents du ministère des Affaires étrangères.

par Aria Satrck

publié 21 Février 2017