
Lors de la séance plénière du parlement européen, PE, du 02 février dernier à Strasbourg, les eurodéputés ont condamné, au travers d’une résolution, les violations des droits de l’homme commises durant la crise postélectorale du Gabon, et ont conclu, à la majorité des voix, soit 553 députés sur 647 votants, que les résultats du scrutin présidentiel du 27 août 2016 sont « non transparents et hautement douteux ».
Pour les parlementaires européens, la légitimité de BOA est de fait très controversée. Ainsi, ils ont invité le Conseil européen à demander des explications à BOA et ses sbires, et de prendre des sanctions à leur endroit. Pour une frange du peuple gabonais, la résolution votée par le parlement européen pourrait ne pas faire bouger grandement les choses dans la mesure où une certaine communauté internationale, dont le foyer se trouverait à Paris, soutient le pouvoir émergent au détriment du respect de l’Etat de droit.
Selon Jean Ping, le véritable vainqueur de la dernière présidentielle gabonaise, la résolution européenne est une satisfaction. Joint au téléphone par notre confrère Sébastien Nemeth de RFI, celui qui est respectueusement appelé par les gabonais, Monsieur le Président réagit : « La communauté internationale a affirmé que le vote a été en ma faveur. L’autre vérité vient maintenant d’être une vérité internationale. Le pas a été franchi clairement, c’est important(…) Je suis très confiant. Nous avons toujours été patients avec la communauté internationale. Et nous avons toujours demandé des sanctions ciblées. Elles prendront peut-être le temps qu’elles prendront, mais elles arriveront nécessairement ». Menacé d’arrestation à maintes reprises pour ses propos jugés d’« incitation à la violence » par le gouvernement putschiste de Libreville, Jean Ping n’a pas manqué de rappeler au peuple gabonais qu’il ne faut pas tout attendre de la Communauté internationale : « Nous prendrons toutes les dispositions pour faire respecter la volonté du peuple. Nous entreprendrons donc des rapports de force sur le terrain. Nous allons sortir. Nous allons défendre notre souveraineté. Le peuple se plaint parfois qu’il ne nous voit plus, qu’il ne nous entend plus. Nous ferons tout ce qu’il faut faire. Qu’il soit prêt pour ça ». Voilà des propos susceptibles de booster l’armée de la résistance !
Nedjma leMonde
publié le 6 Février 2017