Enseignement privé protestant: L’Église évangélique du Gabon prive ses enseignants stagiaires de présalaires

Depuis plusieurs mois, des enseignants non encore salariés des collèges évangéliques du Gabon, et en particulier ceux affectés dans les écoles et collèges du Woleu-Ntem, ne perçoivent plus ce qu’on leur donne comme aide en guise de présalaires. Une aumône de 50 000 FCFA par mois que l’Eglise évangélique du Gabon (EEG ou Evanga) n’arrive plus à honorer. Dans l’enseignement privé catholique, la situation est radicalement différente. Les enseignants stagiaires qui se retrouvent pour l’heure sans ressource perçoivent de manière régulière une prime de 150 000 FCFA par mois.

La situation à Evangab est dramatique pour ces jeunes gens qui ont pour la plupart pris le risque d’aller servir à l’intérieur du pays. Notamment dans des zones où ils n’ont ni parent ni ami pour leur venir en aide.

Cette situation est d’autant plus inconcevable que l’enseignement privé protestant, tout comme l’enseignement privé catholique, bénéficie d’une subvention confortable versée par l’État. Ajouté aux ressources propres générées par les frais d’écolage payés par chaque élève, et qui restent tout de même dans ces écoles, cela permet à cette institution religieuse de pouvoir vivre confortement. Pourquoi ça coince alors pour les stagiaires ? Le président de l’EEG, Jean-Jacques Ndong Ekouaghe, doit s’expliquer très vite.

Même la générosité, une valeur importante en milieu chrétien, semble curieusement absente à l’Evangab. A moins que, en décidant de mettre ces enseignants stagiaires au pain sec, la hiérarchie de l’Église veuille participer en l’amplification du mouvement de grève qui paralyse l’éducation nationale depuis bientôt quatre mois. Car en privant ces jeunes de toutes ressources, la direction de l’enseigne- ment protestant les conduit tout doucement vers l’arrêt de travail.

L’Evangab doit revenir à ses fondamentaux qui ont de tout temps fait sa force. Cela passe par une gestion plus orthodoxe des ressources très importantes qu’elle parvient à produire chaque année. Dans cette « chaîne de valeur », les établissements scolaires tiennent une place importante. Ce serait suicidaire que de tuer cette poule aux œufs d’or en privant les enseignants qui l’animent, notamment les plus précaires, de moyens de subsistance pour les soutenir dans leur sacerdoce.