Santé: Le chemin de croix des patientes de la maternité du CHUL

Posté le 21 Mar 2017
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La parure extérieure de l’ex-hôpital général devenu Centre hospitalier universitaire de Libreville(CHUL) n’est que l’arbre qui cache la forêt. En réalité, il faut y accéder pour se rendre compte du calvaire que vivent les patients de cet établissement sanitaire. La plupart des services sont confrontés aux mêmes difficultés. A la maternité, les conditions d’accueil restent à confondre avec celui des milieux carcéraux de Libreville où les détenus dorment les uns sur les autres. Après la salle d’accouchement, les femmes et leurs bébés sont accueillis dans des chambres selon les catégories choisies après une procédure marathonienne. Dans ces pièces étroites, quatre lits doivent recevoir les patients qui font leur entrée toutes les heures. Les uns rentrent au moment où les autres sortent. Celles qui n’ont pas de chambre attendent dehors, bébés en main, en espérant qu’un lit se libère. Mais il arrive parfois que l’attente dure plusieurs heures. « Pour avoir une place ici il faut patienter. Dans mon état, j’ai passé deux heures dehors avec l’enfant avant que l’ont m’attribue un lit », a confié une parturiente. Ces nombreuses tracasseries sont de trop pour les patients qui n’entendent pas crier sur tous les toits pour dire leur déception. D’autant plus que les nombreuses plaintes n’ont abouti à rien. Surtout que ceux qui osent ouvertement se plaindre sont ouvertement recadrer par le personnel soignant, qui n’hésite pas à leur dire d’aller se plaindre ailleurs.

Dans les chambres rien n’est fonctionnel. Il y a une absence criarde d’un minimum de confort pour des mères qui viennent d’accomplir l’un des gestes les plus significatifs au monde : donner la vie. Ce qui les contraint à tout apporter depuis chez eux. Une audacieuse manière de faire la part belle au gouvernement à qui incombe la responsabilité d’assurer aux malades les soins de qualité, ce qui nécessairement passe par de meilleures structures d’accueil et d’internement. Les patientes restent pour la plupart obligées de subir toutes ces conditions inhumaines car n’ayant pas assez de moyens pour se diriger vers des structures privées.

Si les ventilateurs et les moustiquaires peuvent compenser l’absence de climatisation, qu’est qui peut compenser le manque d’eau courante dans une structure hospitalière ? Encore un véritable marathon pour ces femmes qui, impérativement, doivent avoir de l’eau pour faire leur toilette, laver la layette et tous les besoins qui s’ensuivent ? Aucune goute d’eau ne coule dans aucun des robinets qui désormais servent simplement de parure. « Depuis le matin que je me suis lavée, je suis comme vous me voyez. Il est 18h, est-ce que c’est bien pour une femme qui vient d’accoucher ? », s’est interrogée une jeune femme.

Pour palier ces difficultés, les parents apportent des bidons d’eau depuis leur domicile. Ce, jusqu’à la sortie du bébé et de la mère. « Je ne savais pas que les conditions d’accueil étaient pareilles. Cela fait deux jours que je suis ici, mais les conditions ne sont pas à la hauteur de ce que nous déboursons comme moyens financiers. Je n’ai pas la Cnamgs donc non assurée, je dois par conséquent débourser 100 000 FCFA pour le séjour. Que c’est insultant ! », a laissé entendre une autre patiente. Les autorités mettent plus l’accent sur l’esthétique alors que l’essentiel, surtout dans un hôpital, est inexistant. Où est le sérieux ?

Mwane-A-Kassa

publié le 21 Mars 2017

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