Affaire Mborantsou : Moukagni Iwangou exige que la lumière soit faite

Moukagni Iwangou, president de l'UPG

Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook le 07 avril dernier, le président de l’UPG, Jean De Dieu Mouckagni Iwangou, a sommé les autorités compétentes de faire la lumière sur l’enquête mettant en cause la présidente de la Cour constitutionnelle du Gabon, Marie-Madeleine Mborantsuo, alias 3M ou « Appelez-moi dieu ». Une situation que l’Upégiste en chef a qualifiée de « coup de tonnerre dans un ciel serein ».

 

Alors que l’on s’interroge sur le silence pesant et prolongé du procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, Steeve Ndong Essame Ndong et du ministre de la Justice, garde des sceaux, Alexis Boutamba Mbina, suite aux poursuites judiciaires dont est sujette Marie-Madeleine Mborantsuo qui a été soupçonnée par la justice française de recel, détournement, soustraction ou destruction de fonds publics et blanchiment en bande organisée, le président de l’Union du peuple gabonais ,UPG, a exigé que des explications soient données aux gabonais pour qu’ils puissent y voir plus clair : «Sans rien enlever à la présomption d’innocence, nous exigeons que toute la vérité soit faite», a indiqué Jean De Dieu Moukagni-Iwangou. Le président de l’UPG s’est étonné du fait que l’enquête préliminaire qui a été lancée par le parquet financier de Paris n’a été suivie ni d’audition ni d’instruction par le Parquet actif de Libreville, et que le ministre Alexis Boutamba Mbina ne s’exprime point sur une affaire aussi préjudiciable, autant pour l’image du pays que pour la gardienne des lois de la République Gabonaise.

Rappelant la sortie abracadabrantesque du Premier Ministre Emmanuel Issoze Ngondet , «commis à la sale besogne», à travers un plaidoyer jugé « parfaitement inaudible » par le président de l’UPG, ce dernier a rejeté l’argument fondé sur la souveraineté nationale et évoqué par le natif de Makokou pour brandir la Convention de Palerme contre la criminalité transfrontalière de 2010, que le Gabon a librement signée, et de ce fait reconnaît à la justice française l’autorité suffisante pour agir dans cette affaire. Celle-ci est «parfaitement dans son rôle, pour traiter le renseignement et l’action contre les circuits financiers clandestins signalés sur le territoire français», a-t-il expliqué. En effet, le Premier Ministre gabonais s’était exprimé récemment sur Radio France Internationale, RFI, sur l’intérêt prononcé des enquêteurs français sur ce scandale.

Jusqu’à ce jour, ni 3M ou « Appelez-moi dieu » ni les autorités judiciaires nationales compétentes encore moins l’entourage de la gardienne des lois ne se sont prononcés sur cette prévarication. Il semble que toutes ces personnes se sont « installées dans un confort d’une impunité institutionnellement organisée » pense l’Upégiste en chef, qui indexe ouvertement les principaux organes qui auraient dû être saisis à la suite des révélations de la justice française : « la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite, l’Agence nationale des investigations financières et la Cour des compte, au sein de laquelle on signale d’ailleurs le prochain élu à la Présidence de la Cour constitutionnelle», rappelle le président de l’UPG.

Devant cette attitude qui ne trompe personne, l’une des figures emblématiques de l’opposition radicale gabonaise compare ce qu’il a appelé le «Gabon officiel», après l’élection présidentielle controversée du 27 août 2016, à celui des convives au déroulé d’un festin : «Le régime avait littéralement déjà sorti les flûtes et les violons, pour entonner l’hymne à la joie», précise-t-il.

Evoquant la tenue du dialogue national actuel, une invitation du «petit peuple» à la table du régime selon l’Upégiste en chef qui n’a pas manqué de tourner en dérision ce simulacre : «Et comme toute prospérité doit être partagée, avec le petit peuple, on a appelé à un Dialogue sans tabou, pour que dans un large exercice d’enivrement libertin, des convives très enjoués puissent porter témoignage à la face du monde», a-t-il argumenté. Sans oublier l’étape ludique des échanges de cadeaux lors des festivités, Jean De Dieu Moukagni-Iwangou estime que BOA et les juges constitutionnels n’ont pas dérogé au rituel : « Parfait échange de bons procédés, la décision n°003/GCC du 13 mars 2017 avait soigneusement consacré l’impunité du Chef de l’Etat pendant et après l’exercice de ses fonctions, et avait assujetti la poursuite des membres de son régime, parmi lesquels les juges constitutionnels, à la seule diligence de ce dernier», a-t-il mentionné.

Rappelant que la mise en lumière de cette affaire sur l’espace public revient à assurer « l’intérêt supérieur de la Nation », le Président de l’UPG a annoncé la tenue de certaines actions visant à pousser qui de droit à faire éclater la vérité : « C’est pourquoi, dans quelques jours, nous allons, sans concession aucune, amplifier la cadence », a-t-il déclaré.

Par Aria Starck

publié le 12 Avril 2017