
Les employés de la Société meunière et avicole du Gabon, Smag, sont montés au créneau pour exprimer leur mécontentement face au projet de licenciement envisagé par l’entreprise dès le 31 mars en cours. Les leaders syndicaux de la Smag ont tenu à battre en brèche la thèse de « raisons économiques » avancée par le Directeur général Bruno Lardit.
Informés depuis plusieurs mois, du projet de licenciement par la direction générale de l’entreprise, les employés ont fustigé sans vergogne cette décision qui les mettra au chômage. Datant de trois mois, la décision prise par la direction générale de licencier, « pour des raisons économiques », cinquante-sept agents devrait prendre effet cette fin de mois. Les employés ont rejeté avec virulence les motifs évoqués par Bruno Lardit, et sous-tendus par le non-versement de la subvention, l’absence de péréquation (plus de 12 milliards de francs Cfa), les emprunts contractés par l’entreprise afin de couvrir les dépenses de fonctionnement et d’investissement du fait du non-paiement de la dette de l’Etat ainsi que la concurrence que mène la société agro-industrielle Fobert Gabon depuis mars 2016.
Un réquisitoire qui ne fait pas l’unanimité chez les employés qui ne comprennent pas l’instauration de ce plan de licenciement alors que l’entreprise a réalisé des bons résultats au cours de l’année écoulée. Pour les représentants du personnel « une société comme la Smag qui réalise autant de bénéfices, ne saurait évoquer un motif d’ordre économique pour envisager des licenciements », ont-ils précisé. Sans oublier que le 9 décembre 2016, le quotidien L’Union avait évoqué la bonne santé financière de la société tout en précisant que : «L’activité meunière et avicole a enregistré des résultats globalement positifs durant le premier semestre 2016. Ainsi, la production de farine a légèrement progressé de 0,4 %, pour se situer à 34.998 tonnes. De même, la production des aliments pour bétail a connu une hausse de 10,6 %, soit 14.788 tonnes, en raison de la forte demande des éleveurs indépendants. Parallèlement, la production des œufs s’est élevée à 22,1 millions d’unités, en hausse de 2 % par rapport à fin juin 2015. Compte tenu de ces performances agro-industrielles, le chiffre d’affaires s’est amélioré de 3,3 %, pour un montant de 16,9 milliards de FCFA.» En témoigne aussi « le paiement à l’ensemble du personnel de la gratification 2016, le paiement de la prime de résultat et l’octroi de prêts aux agents. En plus de l’acquisition de nouveaux véhicules de haut standing et le recrutement d’un agent expatrié en qualité d’ingénieur QHSE ».
Toute chose qui, pour le personnel indexé, paraît incompréhensible, injustifiée et inique. Ayant sollicité de l’inspection du travail le rejet pur et simple de ce projet de licenciement, dans une correspondance datée du 13 mars dernier, les employés accusent la direction de « vouloir se faire de l’argent sur le dos des employés » et soupçonnent le DG de la Smag de vouloir « remplacer le personnel légalement employé par des prestataires extérieurs. Les prestations extérieures ne couteraient pas grand-chose à l‘entreprise. Pas de prestations CNSS, pas d’allocutions familiales », pestent-ils. Mais, les employés pointent aussi un doigt accusateur en direction du gouvernement qui semble valider les agissements de Bruno Lardit qui rejette toute tentative de rencontre avec le personnel qui veut en savoir plus.
En attendant la décision de l’inspection du travail, ce sont des cadres de la société mais aussi des agents d’exploitation et les techniciens qui pourraient se retrouver dans la rue sans raison véritable.
Par Aria Starck
publié le 10 Avril 2017