

En trois rencontres pour autant de défaites, (1-5) contre la Guinée-Conakry, lors de la journée inaugurale, dimanche 14 mai écoulé, (0-5) face au Ghana (double champion du Monde et d’Afrique dans cette catégorie), mercredi 17 mai courant, et ultime défaite (0-1) contre le Cameroun samedi 20 mai dernier, l’équipe nationale des U 17 du Gabon, sans âme était déjà éliminée de « sa compétition », dès le premier tour, avant même la fin des matches de poule prévue ce week-end. Quelle humiliation !
‘’ Aller à la guerre la fleur au fusil ‘, cette expression, vieille comme le temps, signifie que l’on va au combat sans s’être suffisamment préparé et avec la certitude de ne pas résister à l’adversaire, du moins pendant longtemps. Quand l’on compare la manière dont les jeunes gabonais ont disputé les deux premiers matches, il n’y a pas photo avec ses deux adversaires, aussi bien sur le plan physique des acteurs, que sur les motivations de ces derniers.
Car, si l’on a pu remarquer des Guinéens et Ghanéens en forme, pratiquant un football chatoyant fait de courtes passes, de déplacements soignés, d’occupation rationnelle du terrain, d’offensives louables, convaincus de leur suprématie sur les Gabonais dès les premiers instants de ces rencontres, en revanche l’on a constaté chez nos jeunes compatriotes un manque d’envie et de fraîcheur tant physique que mentale.
Cela, vous vous en doutez, est imputable au staff technique par bon nombre de gens passionnés qui excellent dans la politique de l’autruche consistant à éviter volontairement de regarder la réalité en face. Quand bien même, ils la savent implacable ! Alors que de notre point de vue, il s’agit d’une impréparation comme nous en avons l’habitude et d’un management qui éprouve jusqu’ici tout le mal à être au-dessus de tout soupçon.
Des enfants regroupés à la va-vite dans les provinces du pays par des techniciens qui en mesuraient les risques, des conditions de préparation loin d’être minimales et l’intrusion au sein des équipes d’influences extérieures ne pouvaient faire rêver aucun supporter gabonais sérieux, d’une participation honorable des Panthéreaux à cette Can U17. Le musicien camerounais Longe Longe, affirme, dans une de ses chansons, que « Dans les équipes nationales africaines, il y a la politique. Toute chose qui fait qu’il y ait une impression de désordre ».
Toute équipe qui se prépare à disputer une compétition de grande envergure devrait bénéficier d’un temps de regroupement relativement long. Durant le regroupement, les automatismes sont revus, les esprits préparés et les liens entre coéquipiers solidifiés. Le football, à l’instar de tous les sports, exige que les athlètes soient bien suivis sur le plan sanitaire et nutritionnel, c’est que l’on appelle la diététique. Est-on sûr qu’au Gabon, il est mis suffisamment de moyens à la disposition des encadreurs pour arriver à leurs fins, ou que ces derniers ne s’en servent pas à d’autres fins, sachant qu’ils ne courent pas le risque d’être punis, affaire d’amis dit-on ?
Autant de questions qui méritent d’être posées, mais si à la vérité, les pouvoirs publics qui embrassent trop ont du mal à étreindre. Pourvu que l’on ait le courage de s’engager sur une voie, au demeurant risquée. Non, tout ne peut aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le temps des ‘’ rêveries ‘’ n’est-il pas bien derrière nous ? Faut-il qu’à chaque instant, l’on en soit à rappeler les fondamentaux à ceux qui ont en charge le destin du pays ?
Rien de grand au monde ne s’est fait sans passion. Et, à la passion, il faut adjoindre l’esprit de compétition, le courage, l’abnégation, etc. Mais d’abord le travail, la préparation, l’hygiène au double plan physique et mental. Nous péchons à ne pas vouloir souvent nous remettre en question, à ne pas accepter d’arrêter un temps, afin de repartir du bon pied. Pourtant de nombreux pays du continent l’ont déjà fait avec succès. C’est le cas du Mali avant les années 2000. Pourquoi ne pas nous servir d’un tel exemple pour nous aussi nous aguerrir ?
Nous ne devons pas toujours pointer du doigt les encadreurs et autres entraîneurs de clubs, car l’on sait, à leur décharge, que là où le bât blesse souvent chez nous, c’est au niveau des politiques, au sens large, mises en place dans le cadre de la préparation de nos équipes nationales. Des entraîneurs de différents degrés, le Gabon en a formés tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Les jeunes gabonais sont aptes, dès le bas-âge, à taper sur un cuir avec dextérité. Cela est visible dans tous les villages et villes. Ce ne sont donc pas les ressources humaines qui manquent. Que faut-il alors pour les mettre en valeur ? Telle est la question qui devrait être plus que jamais posée au sommet de l’Etat. Si l’on peut aisément déceler les causes de nos faiblesses, alors, l’on peut également en déduire que les solutions peuvent être rapidement trouvées.
Arrêtons de nous en prendre aux seuls entraîneurs qui font déjà beaucoup de sacrifices. Exigeons à ceux sur qui reposent la responsabilité de conduire les affaires de l’Etat plus de sérieux si nous voulons, en vérité, obtenir de bons résultats. Comment comprendre qu’une équipe nationale d’un pays, sur un effectif de 21 joueurs convoqués, quelle que soit la catégorie, va reposer sur deux clubs : le CF Mounana du président Hervé Patrick Opianga (8 joueurs) et Académie Club de Libreville (10 joueurs) de Yaël Amvame ? Ce dernier est, par ailleurs, intendant des U 17 lors de cette compétition.
Le public gabonais, lui, est toujours prêt à jouer sa partition en pareille circonstance. Reste donc aux dirigeants sportifs nationaux d’être à la hauteur de leur tâche, tout en faisant preuve de patriotisme pour être davantage crédibles. Nous n’attendons que cela. Entre temps, que faisons-nous ? Manifester notre mécontentement ? Mais pour quelle raison s’il est démontré que ceux dont on veut attirer l’attention n’en n’ont cure ? Sachant que les mêmes causes produisent les mêmes effets, il n’est donc plus temps de larmoyer, mais de créer les conditions de la compétitivité. Ce qui est valable pour le sport, l’est également pour toute autre activité. Pour le moment, le peuple gabonais a honte après l’élimination dès le premier tour des seniors lors de la dernière Can disputée dans notre pays aux mois de janvier et février 2017.
Elang-Mane