Grève des douanes : Le gouvernement orchestre une descente policière pour mettre fin au piquet de grève
Face à la chute des recettes douanières occasionnée par la grève des douaniers relancée de plus belle le 16 mai dernier, le directeur régional des douanes par intérim, Raymond Okongo, accompagné du directeur de cabinet du Ministre de l’Economie, de la Prospective et de la programmation du Développement, Emmanuel Eyeghe Nze, a décidé, en violation flagrante du droit de grève, d’utiliser les forces de police gabonaise comme arme de dissuasion et d’ instaurer un climat de pression en lieu et place des négociations escomptées. Raymond Okongo et Emmanuel Eyeghe Nze auraient insisté sur les directives de BOA qui aurait sommé les grévistes de quitter leur piquet de grève et inviter les forces de polices à procéder à l’incarcération des membres de l’intersyndicale.
En piquet de grève depuis plusieurs jours sur l’esplanade du bureau central d’Owendo, suite à la reprise du mouvement de grève décidé lors de l’assemblée générale organisée le 16 mai dernier, les douaniers ont reçu la visite inopinée du Directeur de cabinet du Ministre de l’Economie qu’accompagnaient les sieurs Nzaou, conseiller des douanes, et Okongo Raymond. Plusieurs agents des forces de l’ordre disant agir au nom, en lieu et place du gouvernement et de BOA accompagnaient les trois responsables administratifs. « Prenant la parole en premier, Emmanuel Eyeghe Nze a décliné les décisions qui auraient été prises en Conseil de Ministres pour être appliquées par le gouvernement. Desdites décisions, on retiendra, d’après le Directeur de cabinet et le conseiller Nzaou, que le chef de l’Etat aurait demandé au gouvernement de requérir les forces de l’ordre afin de rétablir l’ordre public troublé soit disant par le piquet de grève mis en place. Il a également sommé les agents des douanes présents au piquet de grève de le quitter. Emmanuel Eyeghe Nze, dans son élan, a affirmé que les partenaires sociaux des douanes ne fixent pas les priorités du gouvernement et a ajouté que tout refus par la STCG d’assurer la sortie des conteneurs rendrait cette société complice de la grève des agents des douanes », précise le compte-rendu de piquet de grève des agents des douanes du 20 mai écoulé.
Etonnés de l’accusation dont ils font l’objet et de la volonté évidente de la junte putschiste à vouloir procéder à l’arrestation de plusieurs membres de l’intersyndicale, les grévistes auraient demandé aux représentants du ministre de tutelle des preuves qu’ils n’ont pas pu fournir : « Aucun élément consécutif de trouble à l’ordre public n’a été apporté par le directeur de cabinet. Seules les allégations de Monsieur Mayombo, qui ont, par ailleurs, été enregistrées, constituent des troubles à l’ordre public. En effet, ce dernier a affirmé que certains membres du piquet de grève lui demandaient de respecter les termes du service minimum qui comporte, entre autres, la sortie d’une certaine catégorie de marchandises tel que décidé par l’assemblée générale », rapporte le compte-rendu.
Rappelons que cette violation du droit de grève, commise une fois de plus, par BOA et ses sbires intervient 72 heures seulement après que le bureau de l’intersyndicale des douanes eut été auditionné par le Ministre de la Fonction publique qui avait reçu mandat du Premier Ministre de prendre contact avec les douaniers afin d’examiner des voies de sortie de crise. Grande était donc la surprise des syndicalistes de ne voir sur les lieux ni les membres du cabinet du Ministre de la Fonction publique ni les collaborateurs du Premier Ministre.
Les membres de l’intersyndicale ont précisé que l’assemblée générale appréciera souverainement cette descente du directeur de cabinet du Ministre de l’Economie et ont tenu à rappeler que « La qualification de trouble à l’ordre public est le fait des tribunaux compétents et non celle d’une quelconque autorité, fusse-t-elle détentrice d’une parcelle de l’autorité de l’Etat ».
C’est au regard de la non-satisfaction des points ayant motivé la grève générale illimitée déclenchée le 21 avril 2017, notamment la question du statut particulier du corps des douaniers ; le paiement immédiat des arriérés de primes et le perfectionnement à l’EPCA; la situation des cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale, CNSS, des auxiliaires des douanes, mais aussi la non-prise en compte des agents diplômés des écoles des douanes et régulièrement affectés depuis 06 ans, que l’assemblée générale de l’intersyndicale a pris la résolution de la reconduction de la grève dans les mêmes termes.
En temps normal, près de 200 containers sortent chaque jour des terminaux du port d’Owendo pour alimenter la capitale, Libreville, et le reste du Gabon. Mais depuis vendredi dernier, l’on dénombrerait « une vingtaine ou une trentaine à sortir du port géré par le groupe Bolloré », selon Claudel Bibalou, un responsable syndical.
Par Aria Satrck