Les militaires disent « niet » à la vaccination obligatoire
Le constat émane du secrétariat général du ministère de la Défense : les militaires gabonais rejettent la vaccination obligatoire contre la Covid-19. C’est par « message » portant la référence n°00001332/MDN/SG/C AB du 2 août 2021 que l’administration militaire a essayé, en désespoir de cause, de remobiliser ses troupes : « Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, des centres de vaccination ont été mis en place notamment pour les personnels des Forces de Défense. Le constat fait aujourd’hui est que 70 % des personnels vaccinés dans ces centres sont des étrangers. [Le Secrétaire général, Ndlr] vous instruit de ce fait de rappeler à l’ensemble de vos personnels les instructions du MDN [Ministre de la Défense Nationale, Ndlr] selon lesquelles la vaccination est obligatoire et qu’ils doivent se faire vacciner massivement pour lutter efficacement contre cette terrible pandémie. »
Une injonction du ministre de la Défense, Michael Moussa Adamo, qui est loin de mettre en avant des arguments scientifiques et intelligibles. Oubliant au passage que la Covid19 est d’abord d’une question de santé publique. Comment s’étonner alors que cet ordre de vaccination obligatoire donné depuis la conférence de presse gouvernementale du 28 mai fasse un flop ? A cette occasion, le ministre déclarait : « Pour les Forces de Défense, le choix du vaccin ne se pose pas, il est obligatoire. » Instruction qui était d’ailleurs relayée à tous les personnels sous tutelle dès le 1er juin par le chef d’état-major général des Forces armées gabonaises, le général de division Yves Ditengou.
Pourtant, la pandémie repart malgré la vaccination…
La situation vaccinale globale met en évidence un faible engouement des Gabonais qui ne laisse pas les militaires indifférents, puisqu’en dehors de leurs treillis, ce sont des citoyens dubitatifs comme tous les autres. En effet, seules 42 363 personnes ont reçu leurs deux doses de vaccin, soit 1,9 % de la population selon le portail statistique international « Our World in Date » du 8 août 2021. La dernière mise à jour de la situation vaccinale par le ministère de la Santé donnait, quant à elle, 39 297 personnes vaccinées au titre de la deuxième dose au 26 juillet.
Le gouvernement ignore-t-il que les Gabonais en général, et les militaires en particulier, s’informent par d’autres sources qui mettent en cause l’efficacité de certains vaccins contre la Covid-19 ? Dès l’entame du mois de mai dernier, le Journal International de Médecine (JIM) rapportait un cas critique pour les Seychelles qui utilisaient le vaccin AstraZeneca produit en Inde et le vaccin de la firme chinoise Sinopharm – le même offert au Gabon par la Chine. Sur le site dudit Journal, on peut lire depuis le 7 mai que : « Dans ce petit archipel de l’Océan Indien (..), 69,2 % des 98 000 habitants ont reçu au moins une dose d’un vaccin et 60,7 % les deux doses. De très bons résultats qui ont permis au pays de rouvrir ses frontières, afin de sauver le secteur du tourisme, vital pour son économie. Mais les Seychellois ont vite déchanté, car malgré cette vaccination massive, l’épidémie est repartie à la hausse. D’environ 40 nouvelles contaminations par jour début avril, l’archipel est passé à 120 nouveaux cas quotidiens (…). Le ministre de la Santé a parlé d’une « situation critique » qui a obligé les autorités à prononcer de nouvelles restrictions sanitaires. Les écoles ont ainsi été fermées pour trois semaines, les horaires d’ouvertures des commerces réduits et les habitants invités à rester chez eux le plus possible. »
Ailleurs, la vaccination des militaires n’est pas obligatoire…
On peut, en comparaison, se questionner sur la pertinence de cette injonction faite pour une campagne de vaccination obligatoire pour les militaires gabonais. En France, où la pandémie de la Covid-19 a fait déclarer plus de 6 millions de cas pour 112 000 décès à ce jour, aucune obligation vaccinale n’a été évoquée. Sauf pour les soldats mobilisés pour des opérations extérieures. C’est en tout cas ce que déclarait en mai dernier la ministre des Armées, Florence Parly. Selon les autorités françaises, policiers et gendarmes ne sont pas exempts de vaccination : ils n’ont juste pas l’obligation de se faire vacciner.
Les militaires gabonais qui ne sont pas autant engagés sur des opérations extérieures doivent bien se demander, au regard de tout ce qui précède, d’où naît l’urgence de faire d’eux des « obligés à se faire vacciner », dans un pays qui compte 25 462 cas de contaminations à la Covid-19 pour 165 décès. Seuls le ministre de la Défense et son administration, qui ne semblent s’appuyer que sur le principe d’une obéissance de Panurge, pourraient y répondre.
Pourtant, les questions de santé publique doivent reposer sur des faits scientifique à expliquer et des protocoles de traitement qui doivent recueillir le consentement des patients… Enfin, c’est ce qui se fait dans des pays « politiquement normaux » et respectueux des droits fondamentaux des citoyens. Pour autant, il y a les obligations du statut de militaire.