Décès de Casimir Oyé Mba : Ntoum et le Komo-Mondah inconsolables

L’annonce du décès de Casimir Marie Ange Oyé Mba a plongé la ville de Ntoum, Chef lieu du département du Komo-Mondah dans l’émoi. Partout dans cette petite ville à la sortie de Libreville, l’atmosphère était celle d’une ville morte. Une tristesse lisible sur les visages, et qui alimente encore toutes les conversations. Ce d’autant que l’illustre personnalité était native de Nzamaligué, un village du département.

Depuis près de 2 semaines, l’information sur son état de santé alarmant avait fuité sur les réseaux sociaux. Ils étaient encore nombreux parmi ses proches et sympathisants à s’accrocher à l’espoir qu’il se relèverait.

Le jeudi matin dernier, le destin de celui que les intimes et admirateurs appelaient «Cam la Classe» en a décidé autrement. Son décès ayant été confirmé avant-hier matin depuis l’hôpital Paris Saint Joseph, où il avait été admis cinq jours plus tôt. Tout le département du Komo-Mondah, son fief politique, est attristé. Dévasté par la triste nouvelle.

En effet, né le 20 avril 1942 à Nzamaligué, Casimir Marie Ange Oyé Mba qui décède à 79 ans, y a marqué d’une trace indélébile son existence, tant il était attaché à sa terre natale. Acteur politique majeur du Gabon, après une brillante et fulgurante carrière au sein de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) à la tête de laquelle il occupera d’ailleurs le poste tant convoité et délicat de Gouverneur, de 1978 à 1990. Ce, parallèlement à ses fonctions de gouverneur suppléant du Fonds monétaire international (FMI) pour le Gabon, de septembre 1969 à décembre 1976. De là-bas, à Yaoundé au siège de cette institution sous-régionale, il sera nommé premier ministre le 3 mai 1990 par le feu président Omar Bongo. Commence alors pour ce haut cadre de la tribu Fang originaire de la province de l’Estuaire (et de la tribu “Bepkwê”) une nouvelle carrière politique.

Militant du Parti démocratique gabonais (PDG) depuis 1973, il est élu, sans grande peine, député du département du Komo-Mondah le 21 octobre 1990. Même s’il quitte la primature le 2 novembre 1994, il conservera sans discontinuer, son siège de député jusqu’à son départ du PDG en 2009, avec le décès d’Omar Bongo, pour rallier l’opposition.

Plusieurs réalisations sociales à son actif dans la ville de Ntoum (40 kilomètres de Libreville) portent sa signature. Ce qui laisse de lui une image de quelqu’un de proche des couches les plus vulnérables de cette contrée. En dépit de cette autre image jugée aristocratique qui lui collait à la peau, et qui lui valait le surnom de “Cam le Camembert”, son attachement à son village Nzamaligué dont il est devenu la figure emblématique a plutôt donné le sentiment d’un haut cadre équilibré, entre la culture occidentale et ses valeurs traditionnelles.

«C’est certainement ce qui faisait qu’il a toujours été perçu par ses pairs comme un politicien insaisissable. Tant il ne fermait jamais totalement sa porte et cherchait toujours le juste milieu dans son appréciation des situations auxquelles son pays faisait face. Mais combien sont-ils à avoir cerné la philosophie de l’homme? Pas nombreux, j’en suis sûr. Le premier ministre Oyé Mba était un bon patriote doublé d’un homme d’État qui avait une haute idée de ce qu’est et doit être la gestion de la chose publique. Surtout quand on exerce au plus haut niveau comme il l’a fait. C’est la raison pour laquelle il a souvent été pris à partie entre les déchirements de fils d’une même nation. Il était plus modéré et cherchait toujours le compromis. Mais, hélas, il n’aura pas vu naître la nouvelle nation gabonaise pour laquelle il a consacré ses derniers jours sur terre», regrette un de ses anciens proches de Ntoum.

Paul Mbeng