Covid-19 | Saisir les juridictions contre la vaccination obligatoire

La chronique politique de Meboon Môôn Meba Ondo, parue en kiosques ce lundi 4 octobre 2021 dans votre journal Echos du Nord.

L’histoire finit par donner raison aux saisines introduites à la Cour constitutionnelle en mai 2020 par les regroupements “Appel à agir” et “Touche pas à ma Terre !” En effet, les citoyens réunis au sein de ces plateformes soumettaient des requêtes en inconstitutionnalité pour dénoncer le caractère liberticide du projet de loi fixant les mesures de prévention, de lutte et de riposte contre les catastrophes sanitaires voté par l’Assemblée nationale le 9 mai 2020. Malheureusement, la Cour constitutionnelle, en lieu et place d’un réel débat de fond, avait choisi de discutailler sur la question relative au délai de dépôt desdites requêtes.

Plus d’un an plus tard, les craintes exprimées par ces citoyens se justifient avec acuité et ce au regard des dérives dont fait aujourd’hui preuve le pouvoir autiste d’Ali Bongo Ondimba.

Parce que des voix ne cessent de s’élever contre ce qui s’apparente désormais à une obligation vaccinale contre la Covid-19 pour avoir accès aux bâtiments et services publics. C’est très explicitement ce que dit, par exemple, la note de service n°3049/CCFPN/PPL-CAB du 28 septembre 2021, signée du préfet de police de Libreville à l’endroit de l’ensemble des personnels placés sous son autorité. 

Et, comme si cette seule injonction n’était pas suffisamment violente contre ces Gabonais assistant impuissants à la violation de leurs droits fondamentaux, le préfet de police de Libreville forcera le trait en proférant des menaces : “Tout réfractaire aux présentes instructions s’expose à des sanctions. L’ensemble des responsables d’unités sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution stricte des présentes instructions”

Cette dictature de l’obligation vaccinale n’est pas spécifique à la police

Les membres du gouvernement et leurs collaborateurs aux cabinets, ainsi que ceux des services publics centraux et décentralisés sont soumis à ce matraquage d’un genre nouveau. Un programme de vaccination s’étalant du 5 au 15 octobre 2021 a d’ailleurs été publié. 

Le plus explicite émanant du secrétariat général du ministère de l’Education nationale, où le patron de cette administration, par note n°1300 MESRSTTEBFC/SG du 30 septembre 2021 adressée aux directeurs d’académies provinciales, directeurs de zones académiques et chefs de circonscriptions scolaires, “instruit à intégrer désormais la vaccination comme moyen efficace de lutte contre la pandémie en milieu scolaire”. Une instruction qui s’accompagne également d’un programme de vaccination au sein des principaux établissements secondaires.

Psychose d’une obligation vaccinale étendue à l’ensemble de la population

L’opinion nationale vit encore sous le rappel des paroles prononcées le 28 mai 2021 par le chef de l’exécutif. Ali Bongo Ondimba affirmait que la vaccination contre la Covid-19 n’était nullement obligatoire. A cette époque, il conditionnait la levée totale des restrictions et le « retour à une vie normale » au respect des mesures barrières. Tandis que le ministre de la Santé insistait, lors de ses campagnes de sensibilisation, que cette vaccination ne se ferait que sous “consentement éclairé”. 

Or, le 1er octobre dernier, Ali Bongo Ondimba s’exprimait sur un ton alarmant, qui nourrit la psychose d’une obligation vaccinale étendue à l’ensemble de la population. 

“Je me suis entretenu, ce vendredi 1er octobre, avec le Premier Ministre Rose Christiane Ossouka Raponda pour faire le point sur l’épidémie de Covid-19. La situation est extrêmement préoccupante. Le nombre de contaminations est en forte hausse. Le risque de saturation des hôpitaux réel. Le rythme de vaccination trop lent. Pour préserver la santé et la vie de nos concitoyens, il est nécessaire d’ajuster notre stratégie de riposte”, écrivait-il sur sa page Facebook. 

La légitime peur des populations naît davantage de ce que les vaccins contre la Covid-19 sont en phase expérimentale. Sous d’autres cieux, notamment en France, des juristes estiment que cette lecture sous le prisme “expérimental” est source de doutes. Cela parce que : “les vaccins contre le Covid ont fait l’objet d’une autorisation conditionnelle, contrairement aux vaccins obligatoires largement éprouvés. Les laboratoires à l’origine des sérums anti-covid se sont engagés à poursuivre leurs essais et à fournir aux autorités de nouvelles données pendant deux ans. Ce caractère expérimental, selon certains, pourrait ouvrir la voie aux contestations. C’est du moins l’interprétation de Philippe Ségur, professeur de droit public à l’Université de Perpignan Via Domitia. (…) Le juriste estime que le principe du consentement, nécessaire dans le cadre d’une expérimentation médicale constitue un obstacle à l’obligation vaccinale aussi longtemps que les phases de tests cliniques ne seront pas terminées”, peut-on lire sur le site lequotidiendumedecin.fr, depuis le 2 juillet dernier.

Dans tous les cas, il serait souhaitable que la tendance opposée à la vaccination obligatoire ne soit pas poussée dans ses derniers retranchements, au risque de susciter une crise profonde capable de perturber la paix sociale.

Fin.

A propos de l'auteur

Articles similaires