(Église) Méditation : « fausse route bien sûr, mais il n’est jamais trop tard »
Méditation du 28ème dimanche ordinaire (B 2021). Textes : Sag.7,7-11 / Ps.89 / He.4,12-13 / Mc.10,17-30.
Fausse route bien sûr, mais il n’est jamais trop tard
Toujours plus ! Frères et sœurs, jusqu’ici, la route de la vie de l’homme consiste à travailler non seulement pour vivre et marquer son temps, mais aussi certainement pour acquérir la richesse, afin de posséder une certaine notoriété sociale. Qui peut en dire le contraire ?
C’est là, l’histoire étonnante de ce jeune homme et pourtant très nanti. Il avait tout : vertu et beauté, respect et grandeur… ce qui ne l’empêche d’aller trouver Jésus sur la route qui mène à Jérusalem. Évidemment, il est insatisfait et veut une autre chose : « la Vie Éternelle » ! La vie éternelle, qu’elle étonnante expression ? Sans doute l’homme a dû l’entendre de la bouche même de Jésus, qui l’emploi si souvent dans ses sermons. Vie éternelle, ou Royaume de Dieu, tout va dans le même sens. Voilà le désir que l’homme exprime et qu’il faille assouvir.
C’est donc la preuve que sa fortune, sa réussite sociale, ses acquis ou mieux tout ce qu’il possède ne lui suffit pas. Décidément, notre jeune homme, soit il est avare, soit il est cupide en tout cas tout sauf sympathique. Et voilà que Jésus lui fait comprendre qu’en cela même il a fait fausse route. Pourquoi ? Parce qu’il s’est trompé d’objectif. Il veut avoir plus ? D’accord ! Mais pour cela, il faut faire de la place. Il faut se désencombrer, si on veux la vie éternelle ! Hors, le dernier résiste dans la perspective du recevoir encore davantage et non pas, dans celle du partage avec les autres. C’est là la vieille tentation de tout l’homme : vouloir « toujours plus ».
Pourtant vivre, c’est savoir se contenter de l’essentielle, faire des choix et aimer à partager. On comprend pourquoi Jésus est épris d’amour pour Lui, pour l’appeler à un «Effort d’ascèse». Quand on aime quelqu’un on veut intensément qu’il réussisse sa vie. Or le moyen que Jésus propose à l’homme pour acquérir ce qu’il désire : la vie éternelle, est à ce qui paraît anachronique et en déphasage à son projet de vie.
De sa déroutante réaction, nous comprenons un individu penché de façon démesurée sur le cumul du bien matériel et la réjouissance charnelle pour lesquelles, il aspire à la vie éternelle et donc, l’immortalité. Maintenant tout est claire pour nous ! La vision d’éternité du ce jeune homme, épouse la prétention humaine d’une vie sans fin, ou une vie libéré de la mort physique ou du vieillissement organique. Voilà de fait Littéral, « la vie éternelle », pour les hommes de ce temps. Cependant, à tous ceux là, Jésus révèle qu’ils font fausse route et inspire la meilleur : le dépouillement, condition sine-qua-non pour acquérir la félicité.
Tout compte fait, les textes de ce jour semblent à priori vouloir nous faire réfléchir sur nos rapports à l’argent (bien matériel) et avec les autres (prochain). Pas faux ; en effet, il est toujours important de se poser quelques questions de ce côté-là afin de repenser de façon juste le partage de nos biens et cerner le sens de la vie, avec nos égaux en société. Ce qui s’étale dans les deux premières Lectures.
La Parole de Dieu comme sagesse et trésor de tous les trésors qu’on puisse posséder, agit au cœur de celui qui l’écoute. Elle tranche, fait distinguer et aide à faire le tri, entre le bien et le mal, l’essentielle et l’inutile. Elle remet de l’ordre dans notre chaos intérieur. Alors nous dit Paul, laissons-la faire ce travail en nous grâce aux lectures de ce jour. En s’appropriant ce concept de : la Sagesse il n’est pas question ici que, de sémantique « cette capacité à être en accord avec soi-même, avec les autres, faire preuve de maturité, de sérénité, de vertus, de grandeurs et d’équilibre d’esprit ».
Non, la sagesse : c’est un attribut divin qui rend manifeste l’œuvre de Dieu. Ce sont tout à la fois ses commandements et sa Grace, son dessein les Humains et le monde. Par conséquent, en tant que chrétien, il est tout à fait possible de remplacer le mot « sagesse » par le Nom de : « Christ ».
Ainsi, nous pouvons réajuster ce texte et en comprendre le message sous-jacent. « Jésus est venu en moi et je l’ai préféré à Tous; à côté du Christ, j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas comparé à la pierre la plus précieuse ; tout l’or du monde auprès du Christ n’est que sans valeurs, et, en face de Lui, l’argent sera regardé comme de la boue. Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimé ; je l’ai choisi de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas. Tous les biens me sont venus avec le Christ et, par ses mains, une richesse incalculable ».
À nous maintenant d’inventer notre propre façon d’incarner cela dans notre vie, à nous de voir ce que cela signifie dans nos relations aux autres et aux choses, à nous de préciser quoi dépouiller ou quoi intensifier pour que vos relations soient évangéliques, c’est-à-dire à l’image de l’Evangile. Car vous aurez compris qu’il n’est pas question de détruire nos relations mais de les consolider autant que possible, de les soigner, pour ne plus passer les uns à côté des autres. Pour cela, je crois qu’il faut commencer par rencontrer au plus intime de nous-mêmes une générosité infinie qui suscite la nôtre.
Alors, notre « égo possessif » pourra lâcher prise, comme nous l’éprouvons toutes les fois que, dans l’émerveillement, nous demeurons suspendus tout entier à la beauté qui vient d’en Haut. Enfin, pour conclure la question demeure : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Faire et avoir, voilà les deux verbes à travers lesquels nous sommes appelé à redécouvrir « (…) la vraie mesure de nos jours ».
Amen.
Abbé Cellot Primat NKOUNGA MABIKAS
Prêtre, Diocèse de Nkayi Cg-Bz
Source : Maison catholique des Médias