Contrairement aux lieux-communs qui accusent exclusivement les « étrangers » d’un monopole dans le secteur du commerce de proximité, les faits tendent plutôt à souligner une forte implication de la communauté musulmane qui comprend pourtant… Des Gabonais.
Ce midi à Libreville, deux Gabonais se réclamant de la confession chrétienne se dirigeaient vers le petit commerce d’un quartier dans le but de s’acheter quelques provisions. Arrivés devant ladite boutique, les portes fermées leur rappelaient que le propriétaire était musulman et, donc, parti pour la prière à la mosquée comme chaque vendredi.
« Vraiment, tous les commerces dans ce pays sont sous le contrôle des étrangers », s’écriaient-ils, déçus de devoir attendre le retour du boutiquier.
Cette opinion si souvent véhiculée convoque certaines nuances. D’abord, le droit d’investir dans les affaires est garanti à tous sans distinctions, à condition de se conformer à la réglementation en vigueur. Les Gabonais sont donc libres de devenir propriétaires de boutiques, si tant est que cette situation les agace.
Selon un rapport sur « la liberté de religion dans le monde » publié en 2018 par l’ambassade des États-Unis à Libreville, la Conférence épiscopale du Gabon estime que les chrétiens représentent 80% de la population. Tandis que le Conseil supérieur des affaires islamiques estime à 10% le nombre de musulmans. Ce rapport précise que « nombreux parmi ces musulmans sont des résidents étrangers originaires de l’Afrique de l’ouest ».
C’est dire si les chrétiens du Gabon, malgré leur supériorité démographique, sont peu impliqués dans les activités commerciales de proximité.
En lieu et place de ces plaintes récurrentes le vendredi, les Gabonais et, pourquoi pas, les autorités compétentes gagneraient à s’investir dans ce secteur. Un engagement qui participerait d’ailleurs à réduire le chômage galopant qui frappe les jeunes.
Captures du Rapport publié par l’ambassade des États-Unis de Libreville en 2018 :

