Suite à la déclaration polémique du Président du Rassemblement des Gaulois, Max Anicet Koumba, tenue contre la communauté Fang en pleine séance plénière du Conseil national de la démocratie (CND) du 28 octobre 2021, notre chroniqueur politique, Meboon Môôn Meba Ondo, livre son analyse.
Libreville, le 29 octobre 2021 | Au moment où le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba décide de créer un climat d’Apartheid au Gabon entre vaccinés et non-vaccinés, sous prétexte de lutter contre la Covid-19, en imposant l’obligation vaccinale par des tournures langagières qui ne trompent pas grand monde, certains aînés ne trouvent pas mieux à faire que de ramener le débat ethnique sous ses facettes les plus médiocres et dangereuses.
Hier, en effet, sieur Max Anicet Koumba a proféré des propos tribalistes en pleine séance du Conseil national de la démocratie (CND). Il a déclaré :
« Je tiens à dire ici, je l’affirme et je le répète, le Gabon est bloqué par l’imposture des Pahouins (Fang) et le tribalisme… »
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Un propos qui a aussitôt suscité de vives réactions dans la salle. Le Président de l’institution, Me Séraphin Ndaot-Rembogo, a exigé séance tenante le retrait de cette affirmation. Sieur Max Anicet Koumba s’est exécuté. Puis, il a été suspendu des travaux. Voici pour les faits.
𝗔𝗨-𝗗𝗘𝗟À 𝗗𝗘𝗦 É𝗠𝗢𝗧𝗜𝗢𝗡𝗦 𝗘𝗧 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗧𝗘𝗡𝗧𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗖𝗧𝗜𝗠𝗜𝗦𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡…
Contrairement à certains, je suis pour que Max Anicet Koumba dise ce qu’il pense. Même contre les Fang. Mais je voudrais davantage connaître les raisons qui justifient sa pensée.
Serait-ce une mauvaise expérience personnelle qui le conduit à tirer des conclusions générales ? Parce que je suis Fang, dois-je, moi aussi, porter un jugement général contre tous les Punu, communauté de laquelle serait originaire cet aîné ?
Une fois qu’on aura compris les motivations derrière ce discours tribaliste… les psychologues, sociologues et politologues pourraient enfin éclairer l’opinion scientifiquement et loin de toute passion. Dans des pays sérieux, c’est ainsi que cela se passe.
Autrement, celle ou celui qui se sent personnellement lésé par ce propos peut saisir la justice. Mais nul n’a le droit de se faire justice ou d’appeler les Fang à l’indignation collective hors des lois de la République. Chacun est individuellement responsable de ses actes. C’est pourquoi la réaction de Petit-Lambert Ovono est ridicule.
C’est autrement dire qu’au-delà des indignations vraies ou hypocrites lues ici et là, se pose le débat de la construction nationale. C’est ce que m’inspirent toutes les polémiques ethniques dans ce pays.
Que signifie être Gabonais aujourd’hui ?
Nous passons notre temps à se taper dessus… pendant qu’une certaine catégorie d’étrangers nous humilie dans notre pays. Elle nous impose quoi manger et comment s’habiller. C’est elle qui nous revend désormais nos terrains dans notre pays. Elle prend en otage notre économie et même la marche de nos institutions politiques. Elle méprise nos langues et nos traditions.
Mais sur ces questions essentielles… Jamais on n’entend des Max Anicet Koumba ou des Petit-Lambert Ovono.
Si votre génération ne sait quoi faire de son troisième âge, allez vous occuper de vos petits-enfants.
Vous n’avez pas honte ?
Vous avez à la tête de l’Etat gabonais des individus qui ne parlent pas nos langues. Avec des histoires de vie rafistolées. Mais ce qui vous intéresse, ce sont des gueguerres ridicules entre peuples autochtones du Gabon.
Heureusement que la présidentielle de 2016 a servi de leçon sur certains préjugés. On disait aussi qu’un Fang ne devait pas être candidat pour permettre au candidat consensuel non-Fang de l’opposition d’arriver au pouvoir. Jean Ping, qui n’est pas Fang et qui a représenté cette ambition, a été voté par tous ceux qui ne veulent plus d’Ali Bongo Ondimba et son système de gouvernance. Jean Ping est-il assis au Bord de mer ce matin ?
Voici ce qui préoccupe les Gabonais de notre espèce. Nous débarrasser de ces préjugés et de cette imposture qui manipule et oppose les Gabonais à des fins politiciennes. Pendant qu’une catégorie d’étrangers se la coule douce dans ce pays qu’on nous apprend finalement à détester inconsciemment. Telle est ma conviction.
Concentrons-nous à faire respecter le vote des Gabonais. Cessons d’avoir des Gabonais qui n’ont aucune attache avec nos traditions et notre quotidien au pouvoir et à la Présidence de la République. Et, pour le plus actuel, débarrassons-nous collectivement de la dictature sanitaire en cours et son obligation vaccinale.
Tout le reste n’est alors que distraction de nos mauvais vieux, dont les cheveux blancs n’expriment que rarement la sagesse.
Preuve de ce que notre pays a un sérieux problème de valeurs et de spiritualité.
Un aîné me disait récemment :
« 𝗣𝗹𝘂𝘀 𝗼𝗻 𝘀’élèv𝗲 𝘀𝗽𝗶𝗿𝗶𝘁𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗼𝘀𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝗺𝗼𝗻𝗱𝗲 𝗿𝗲𝗹è𝘃𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝘃𝗮𝗻𝗶𝘁é. 𝗥𝗲𝗴𝗮𝗿𝗱𝗲 𝗱𝘂 𝗵𝘂𝗯𝗹𝗼𝘁 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝘃𝗶𝗼𝗻, 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝘁’𝗮𝗽𝗽𝗮𝗿𝗮𝗶𝘀𝘀𝗮𝗶𝘁 𝗴𝗶𝗴𝗮𝗻𝘁𝗲𝘀𝗾𝘂𝗲 𝗮𝘂 𝘀𝗼𝗹 𝗻𝗲 𝗹’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗹𝘂𝘀. 𝗚𝗮𝗿𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝘀 𝘁𝗮 𝗹𝗮𝗻𝗴𝘂𝗲 𝗲𝘁 𝗹𝗲 𝗱é𝗯𝗮𝘁 𝗮𝘂 𝗻𝗶𝘃𝗲𝗮𝘂 é𝗹𝗲𝘃é. »
Étienne Francky Meba Ondo
Dit Meboon Môôn Meba Ondo