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Guy Christian Mavioga : son enterrement à Mouila exigé par ses géniteurs et la coutume

Guy Christian Mavioga : son enterrement à Mouila exigé par ses géniteurs et la coutume

L’ organisation des obsèques de feu Guy Christian Mavioga, ancien Secrétaire général exécutif du Bloc démocratique chrétien (BDC), divise sa famille depuis le 11 septembre 2021. L’affaire désormais portée devant la Justice interpelle la société, ses coutumes et le législateur.

L’opinion nationale est quelque peu choquée par la tournure judiciaire que prend l’organisation des obsèques de feu Guy Christian Mavioga. 

Car, au moment où son décès était constaté, le 4 septembre aux premières heures, nul ne s’imaginait cette suite controversée qui plonge les familles du défunt et, particulièrement, ses géniteurs encore en vie dans l’incompréhension la plus totale, en sus de la douleur associée à la perte de leur fils. 

En principe, et en pareilles circonstances, la coutume bantu nous invite à respecter la mémoire du disparu. En évitant tout acte de nature à créer quelque conflit. Pis, les parents s’attellent à prioriser la conciliation afin d’accompagner paisiblement l’âme de l’être parti. 

Tous ces principes de bon sens ne semblent pas avoir été au rendez-vous dans le cas du sieur Mavioga. Puisque le 13 septembre 2021, Anne Claudine Mavioga saisissait la justice pour contester les démarches initiées par sa belle-famille pour l’enterrement de feu Guy Christian Mavioga à Mouila.

La veuve Anna Claudine Mavioga déboutée… 

Si l’opinion publique, qui assiste à ce triste spectacle, ne peut être insensible à la peine vécue par la veuve Mavioga, nombreux demeurent cependant très attachés au respect des traditions. D’où la désolation exprimée par des proches de la famille du défunt. Puisque la conciliation tant recherchée – avec l’appui remarquable de Me Louis Gaston Mayila – n’a pu empêcher la plainte introduite en justice par la veuve Mavioga. 

A la lecture de l’ordonnance de référé du 28 septembre rendue à cet effet, la veuve se plaignait de ce que « sa belle-famille initiait des démarches informelles visant l’organisation des obsèques de feu Guy Christian Mavioga, sans qu’elle n’eût été consultée ».

Une version des faits qui n’est pas de l’avis de sa belle-famille. Parce que, selon des sources à elle proches, dame Anna Claudine Mavioga a bien été sollicitée par Roger Sombo, frère aîné du défunt, en vue d’une réunion de conciliation dès le 11 septembre 2021. Signalons que, pour cause de décès de son époux lié à la Covid-19, la veuve se devait d’observer une période d’isolement. 

Dame Mavioga ayant par ailleurs interdit tout accès au domicile du défunt, sis à Mindoubé (Libreville), en raison du risque élevé de contamination à la Covid-19 auquel s’exposeraient les familles en ces lieux, sa belle-famille lui proposera en conséquence l’organisation des obsèques dans un domicile familial du quartier Kinguélé. Ce à quoi s’opposera catégoriquement la veuve. Choisissant en définitive la voie judiciaire et ce, à l’étonnement général des familles très attachées au respect des pratiques coutumières en pareille situation.

Appelé à comparaître le 28 septembre 2021, sieur Roger Sombo, représenté par Me Irénée Mezui Mba, soulèvera, sur le fondement des dispositions combinées des articles 4 et 133 du Code de procédure civile, l’irrecevabilité de la plainte de dame Anna Claudine Mavioga en raison du défaut du droit d’agir. Mieux, l’avocat affirmera que « la survenance dudit décès entraînait corrélativement et en vertu des dispositions de l’article 264 du Code civil, la dissolution de l’union matrimoniale des époux Mavioga, de sorte que le droit de disposition de la dépouille réclamée par dame Anna Claudine Mavioga ne se justifiait nullement ».

Le tribunal s’est au final prononcé en déclarant dame Anna Claudine Mavioga non fondée en son action, avant de la condamner aux dépens en application des dispositions de l’article 382 du Code de procédure civile. La veuve a déjà interjeté appel par requête en date du 29 septembre 2021. C’est dire si le feuilleton n’a pas encore connu son épilogue.

La société et le législateur interpellés 

L’issue de ce scénario judiciaire fera école mais choquera davantage si elle piétine les valeurs coutumières. 

Selon certains observateurs, et parce que le défunt fut un homme appartenant à la coutume punu, il est inadmissible que la demande formulée par ses géniteurs encore en vie soit ainsi traitée par leur belle-fille. Ce sont bien le père et la mère de Guy Christian Mavioga qui exigent que leur fils soit enterré à une quinzaine de kilomètres de Mouila, précisément au cimetière familial de Kéri. Cette exigence est peut-être parmi les dernières volontés de ces personnes du troisième âge. Lesquelles avaient souhaité quitter ce monde avant leur enfant. 

Si le décès de l’un des conjoints dissout le mariage civil aux yeux de la loi, il reste que l’enfant, notamment de sexe masculin, chez les Punu demeure celui de sa famille génitrice. Le cas aurait pu être plus nuancé si le disparu était de sexe féminin. A ce moment, la voix de l’époux devenu veuf, qui aura préalablement et formellement doté et marié sa femme auprès de ses beaux-parents, revêtirait une certaine prééminence. Encore que, dans le cas d’espèce, la conciliation avec la belle-famille n’est toujours pas exclue.

C’est donc le lieu ici d’interpeller le législateur qui, aux termes de la loi, est resté très vague sur la gestion des dépouilles après la dissolution du mariage causé par le décès d’un conjoint.

A l’endroit des familles attachées au défunt Mavioga, le bon sens et nos coutumes bantu nous obligent à prioriser la conciliation familiale et ainsi éviter tout spectacle désolant. D’autant que cette affaire devrait pouvoir se régler dans un cadre strictement privé et familial. 

Parce que les morts ne sont pas morts. Les bonnes pratiques de pacification familiales héritées de nos ancêtres ne doivent donc pas être l’objet de nos méprises. Nous nous devons d’éviter les malédictions que pourrait susciter l’absence de considération vis-à-vis de nos traditions. 

A bon entendeur… 

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