
La polygamie est une pratique matrimoniale légale au Gabon. Mais, comment en vient-on à être polygame sans être infidèle ?
Lorsque le week-end s’installe à Libreville, les débats qui meublent les conversations ne sont pas toujours de type politicien.
C’est le constat fait en début d’après midi ce samedi 9 octobre 2021, au quartier populaire Nzeng-Ayong de Libreville, où des personnes partageant un verre semblaient en désaccord sur la possibilité de devenir polygame sans passer par la case « infidélité ».
- « Mon frère, à moins de courtiser toutes tes futures épouses au même moment, tu devras d’abord t’attacher à une femme, lui être infidèle en âme et conscience, avant de prendre ton courage à deux mains pour lui dire qu’il y a de la concurrence dans l’air », lançait l’un des eux.
- « Alino, laisse ça. Les femmes veulent vivre dans un monde idéal, alors qu’elles savent que nombreux parmi nous (hommes, Ndlr) gèrent des Tchizas (maîtresses, Ndlr) dehors. Moi, je préfère une femme réaliste qui m’autorise à être transparent et sincère avec elle, en prenant une ou d’autres femmes officiellement », répliquait un autre.
La société occidentale et son modèle de construction familiale ont progressivement marginalisé et diabolisé la polygamie héritée des pratiques ancestrales.
Un observateur soulignait que nos villages anciens étaient construits pour admettre la polygamie. Il y avait un seul « Corps de garde » (lieu représentant l’autorité masculine) par famille entouré de plusieurs cuisines (soit une cuisine pour chaque épouse).

(Source internet).
Si la loi et le droit positif gabonais sont souvent accusés d’évoluer en marge de nos traditions, le mariage d’un homme avec plusieurs femmes (polygynie) demeure autorisé au Gabon.
Selon Legigabon, l’article 252 du code civil prescrit que : « les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance. Ainsi, l’adultère consiste à avoir commerce sexuel avec une personne autre que son conjoint légitime. Or, certains pensent à tort qu’il existe une « absence d’obligation de fidélité » pour le mari polygame, celui-ci croyant pouvoir entretenir en toute impunité des relations sexuelles avec des femmes autres que son/ses épouses ».
Ces précisions juridiques se confrontent pourtant à une réalité : celle de la difficulté de conduire une femme devant l’état civil de nos jours sans le soupçon de rapports intimes comme préalables.
D’où notre interrogation : « le polygame est-il un infidèle qui s’assume (enfin) ? »
Par Bibouboua.
Image d’illustration : mariage à l’état civil de Mesmin Abessolo et ses 4 épouses, en août 2021 à Libreville © Gabonactu.com