𝐕𝐎𝐓𝐑𝐄 𝐉𝐎𝐔𝐑𝐍𝐀𝐋 𝐄𝐍 𝐊𝐈𝐎𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒 𝐃𝐄 𝐂𝐄 𝐋𝐔𝐍𝐃𝐈 𝟏𝟓 𝐍𝐎𝐕𝐄𝐌𝐁𝐑𝐄 𝟐𝟎𝟐𝟏

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  • UNION NATIONALE – UN : vers quel avenir ?

(De Désiré Ename)

🛑 CHRONIQUE POLITIQUE D’EDN

  • Union nationale : de la victoire personnelle des triomphalistes à l’échec politique

(De Meboon Môôn Meba Ondo – Officiel)

🛑 POLITIQUE

  • Gabon | Congrès électif : le fair-play de Paul-Marie Gondjout sauve l’Union nationale
  • Présidence de l’UN : Paulette Missambo succède à Zacharie Myboto
  • UN : un triomphe sur fond de triche
  • Gabon/France : Ali Bongo Ondimba et Albert Bongo : la même histoire ?
  • Diplomatie : jusqu’à quand le chantage d’Ali Bongo à la France payera-t-il ?

🛑 ACTUALITÉS ET SOCIÉTÉ

  • Education nationale : Convention Nationale des Syndicats du Secteur Education – Conasysed et Sena poursuivent leur grève et exigent le départ du SG du ministère
  • Mairie de Libreville : le feu couve ?
  • Climat social : les régies financières menacent

🛑 ÉCONOMIE

  • Foncier : le ministre Olivier Nang Ekomye en porte à faux avec la loi

➡️BONNE LECTURE ET BON DÉBUT DE SEMAINE

Libreville, le 16 novembre 2021 | La Lettre du Continent, devenue Africa Intelligence, a publié un article sur une pseudo altercation entre Omar Denis Junior Bongo Ondimba et mesdemoiselles Lucie et Marie Ondzounga, ses nièces et filles de sa grande sœur Betty Bongo Ondimba (fille de l’ancien Chef de l’Etat, feu Omar Bongo Ondimba, et dame de compagnie de la Première dame Sylvia Bongo Ondimba). 

Les seuls faits recueillis et couchés dans cet article ne sont relatifs qu’à la version donnée par les deux demoiselles.

« En état d’ébriété », c’est-à-dire complètement saoul, Omar Denis, qui venait d’entrer dans un restaurant huppé (Dinand by Ferdi à Paris), s’est rué sur elles et les a agonies d’injures. C’est ce qu’elles racontent. De là, elles se sont rendues dans un commissariat aux fins de porter plainte. Puis, elle ont requis les services d’un conseil, vu la « gravité » des faits. 

Passons outre les manquements d’un organe réputé crédible pour ses informations sensibles, dont l’absence d’équilibre pour faire constater l’orchestration et le folklore organisés autour de cette affaire.

La manipulation de l’opinion publique pour accoler des qualificatifs de leur choix à l’identité d’Omar Denis Junior dit ODJ : un homme violent, misogyne, alcoolique et irresponsable. Voilà ce qu’a vendu Africa Intelligence, repris en échos par la presse du palais du Bord de mer de Libreville et un faisceau de Tweeters. Une perche a alors été tendue aux féministes de tout bord, qui ont sonné le tocsin pour alerter sur cette forme de « violence faite aux femmes », thème cher à Sylvia Bongo Ondimba. 

Car, d’affaire, il n’y en a point. Sachant que la majorité des restaurants et hôtels en France est sous surveillance vidéo, il est clair que la scène n’a guère échappé aux caméras de cet établissement. La police française ne manquera pas de vigilance et devra réunir tous ces éléments de preuve. 

En réalité, le but, le seul, est d’avilir un homme qui gêne et qui fait peur. Il est difficile de croire qu’une personne qui fait la pause déjeuner entre deux audiences ait eu le temps de boire au point de perdre la raison. Faut-il admettre l’existence d’un débit de boisson au palais de l’Elysée où le jeune homme se serait saoulé pour mieux apparaître au second entretien ? Cette histoire d’ODJ « en état d’ébriété » est une pilule trop grosse pour qu’on l’absorbe.      

Cette affaire entre dans une suite d’actions dont l’objectif avoué est de ternir l’image de ce jeune homme d’affaires. Autrement, qui voudrait s’associer à un alcoolique doublé d’une personnalité violente ? L’autre objectif visé étant de poursuivre les humiliations qu’il subit depuis la mort de ses parents. La manière dont cette affaire a été amplifiée ne traduit pas moins une volonté d’acharnement, de dénigrement et de destruction.

Volonté d’acharnement que les Gabonais ont bien observée à la suite du décès de Fidèle Andjoua. Lorsqu’ODJ a été empêché d’entrer au Gabon pour se recueillir auprès de la dépouille de son oncle. Acharnement via les réseaux sociaux où tout type d’intention de déstabilisation des institutions gabonaises lui est prêté. Lui, le Gabonais né au Gabon de père et de mère Gabonais. Acharnement à déposséder sa sœur et lui des biens hérités de leurs défunts parents – la villa marocaine dont on sait qui était la véritable destinataire, le SPA Yacine, le jardin botanique, etc. La liste serait trop longue.

Si ce n’est pas de l’acharnement, qu’est-ce qui aurait empêché la grande sœur Betty de manifester de la bienveillance et de régler le soi-disant incident en famille, au lieu de jeter, sans preuves, son petit frère en pâture dans la presse ?

A la place, elle affirmera dans un Tweet sous le pseudonyme @BLOVE48 (si tant est qu’elle en est effectivement la rédactrice) :

« En aucun cas la violence faite aux femmes ne doit être tolérée. » Rappelons que c’est un thème cher à Sylvia Bongo Ondimba dont elle est la dame de compagnie.

Puis, elle poursuivra :

« Aujourd’hui mes deux filles ont été victimes d’une agression physique. Je confie tout à Dieu et à la justice.»        

L’affaire, telle que relatée par Africa Intelligence (Lettre du Continent) et reprise par les journaux proches du palais du Bord de mer de Libreville, pue la manipulation et le mensonge. Hitler ne disait-il pas que : « plus le mensonge est gros, mieux on y croit » ?

A lire davantage dans la prochaine édition en kiosques du Confidentiel d’Echos du Nord.

Suite à la déclaration polémique du Président du Rassemblement des Gaulois, Max Anicet Koumba, tenue contre la communauté Fang en pleine séance plénière du Conseil national de la démocratie (CND) du 28 octobre 2021, notre chroniqueur politique, Meboon Môôn Meba Ondo, livre son analyse.

Libreville, le 29 octobre 2021 | Au moment où le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba décide de créer un climat d’Apartheid au Gabon entre vaccinés et non-vaccinés, sous prétexte de lutter contre la Covid-19, en imposant l’obligation vaccinale par des tournures langagières qui ne trompent pas grand monde, certains aînés ne trouvent pas mieux à faire que de ramener le débat ethnique sous ses facettes les plus médiocres et dangereuses.

Hier, en effet, sieur Max Anicet Koumba a proféré des propos tribalistes en pleine séance du Conseil national de la démocratie (CND). Il a déclaré :

« Je tiens à dire ici, je l’affirme et je le répète, le Gabon est bloqué par l’imposture des Pahouins (Fang) et le tribalisme… »

Lire source vidéo sur Facebook ici

Un propos qui a aussitôt suscité de vives réactions dans la salle. Le Président de l’institution, Me Séraphin Ndaot-Rembogo, a exigé séance tenante le retrait de cette affirmation. Sieur Max Anicet Koumba s’est exécuté. Puis, il a été suspendu des travaux. Voici pour les faits.

𝗔𝗨-𝗗𝗘𝗟À 𝗗𝗘𝗦 É𝗠𝗢𝗧𝗜𝗢𝗡𝗦 𝗘𝗧 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗧𝗘𝗡𝗧𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗖𝗧𝗜𝗠𝗜𝗦𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡…

Contrairement à certains, je suis pour que Max Anicet Koumba dise ce qu’il pense. Même contre les Fang. Mais je voudrais davantage connaître les raisons qui justifient sa pensée.

Serait-ce une mauvaise expérience personnelle qui le conduit à tirer des conclusions générales ? Parce que je suis Fang, dois-je, moi aussi, porter un jugement général contre tous les Punu, communauté de laquelle serait originaire cet aîné ?

Une fois qu’on aura compris les motivations derrière ce discours tribaliste… les psychologues, sociologues et politologues pourraient enfin éclairer l’opinion scientifiquement et loin de toute passion. Dans des pays sérieux, c’est ainsi que cela se passe.

Autrement, celle ou celui qui se sent personnellement lésé par ce propos peut saisir la justice. Mais nul n’a le droit de se faire justice ou d’appeler les Fang à l’indignation collective hors des lois de la République. Chacun est individuellement responsable de ses actes. C’est pourquoi la réaction de Petit-Lambert Ovono est ridicule.

C’est autrement dire qu’au-delà des indignations vraies ou hypocrites lues ici et là, se pose le débat de la construction nationale. C’est ce que m’inspirent toutes les polémiques ethniques dans ce pays.

Que signifie être Gabonais aujourd’hui ?

Nous passons notre temps à se taper dessus… pendant qu’une certaine catégorie d’étrangers nous humilie dans notre pays. Elle nous impose quoi manger et comment s’habiller. C’est elle qui nous revend désormais nos terrains dans notre pays. Elle prend en otage notre économie et même la marche de nos institutions politiques. Elle méprise nos langues et nos traditions.

Mais sur ces questions essentielles… Jamais on n’entend des Max Anicet Koumba ou des Petit-Lambert Ovono.

Si votre génération ne sait quoi faire de son troisième âge, allez vous occuper de vos petits-enfants.

Vous n’avez pas honte ?

Vous avez à la tête de l’Etat gabonais des individus qui ne parlent pas nos langues. Avec des histoires de vie rafistolées. Mais ce qui vous intéresse, ce sont des gueguerres ridicules entre peuples autochtones du Gabon.

Heureusement que la présidentielle de 2016 a servi de leçon sur certains préjugés. On disait aussi qu’un Fang ne devait pas être candidat pour permettre au candidat consensuel non-Fang de l’opposition d’arriver au pouvoir. Jean Ping, qui n’est pas Fang et qui a représenté cette ambition, a été voté par tous ceux qui ne veulent plus d’Ali Bongo Ondimba et son système de gouvernance. Jean Ping est-il assis au Bord de mer ce matin ?

Voici ce qui préoccupe les Gabonais de notre espèce. Nous débarrasser de ces préjugés et de cette imposture qui manipule et oppose les Gabonais à des fins politiciennes. Pendant qu’une catégorie d’étrangers se la coule douce dans ce pays qu’on nous apprend finalement à détester inconsciemment. Telle est ma conviction.

Concentrons-nous à faire respecter le vote des Gabonais. Cessons d’avoir des Gabonais qui n’ont aucune attache avec nos traditions et notre quotidien au pouvoir et à la Présidence de la République. Et, pour le plus actuel, débarrassons-nous collectivement de la dictature sanitaire en cours et son obligation vaccinale.

Tout le reste n’est alors que distraction de nos mauvais vieux, dont les cheveux blancs n’expriment que rarement la sagesse.

Preuve de ce que notre pays a un sérieux problème de valeurs et de spiritualité.

Un aîné me disait récemment :

« 𝗣𝗹𝘂𝘀 𝗼𝗻 𝘀’élèv𝗲 𝘀𝗽𝗶𝗿𝗶𝘁𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗼𝘀𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝗺𝗼𝗻𝗱𝗲 𝗿𝗲𝗹è𝘃𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝘃𝗮𝗻𝗶𝘁é. 𝗥𝗲𝗴𝗮𝗿𝗱𝗲 𝗱𝘂 𝗵𝘂𝗯𝗹𝗼𝘁 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝘃𝗶𝗼𝗻, 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝘁’𝗮𝗽𝗽𝗮𝗿𝗮𝗶𝘀𝘀𝗮𝗶𝘁 𝗴𝗶𝗴𝗮𝗻𝘁𝗲𝘀𝗾𝘂𝗲 𝗮𝘂 𝘀𝗼𝗹 𝗻𝗲 𝗹’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗹𝘂𝘀. 𝗚𝗮𝗿𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝘀 𝘁𝗮 𝗹𝗮𝗻𝗴𝘂𝗲 𝗲𝘁 𝗹𝗲 𝗱é𝗯𝗮𝘁 𝗮𝘂 𝗻𝗶𝘃𝗲𝗮𝘂 é𝗹𝗲𝘃é. »

Étienne Francky Meba Ondo
Dit Meboon Môôn Meba Ondo

Libreville, 23 octobre 2021 | Quasiment deux ans après son arrivée au commandement de la Garde républicaine, on croyait qu’au titre de ses états de service au sein de ce corps, l’on n’alignerait que les hauts murs du bataillon des blindés de l’aéroport ; quelques parades où il apparaissait porté en triomphe par des éléments de ses troupes ; voire des équipements qui avaient soulevé l’ire de quelques hiérarques au ministère de la Défense. 

Évidemment, non ! Car, au sein du bouquet de verdure de la cité de la Démocratie, il a fait construire un établissement scolaire pour les « mwanas »* des militaires de la Garde républicaine, et pour ceux des personnes civiles selon des quotas envisagés. 

Cet établissement, baptisé du nom de la première dame Sylvia Bongo Ondimba, a été inauguré par sa petite majesté Ali Bongo Ondimba, ce vendredi 22 octobre 2021. 

Réalisé dans un délai de 11 mois, en prenant en compte les restrictions du confinement relatif à la Covid-19, l’ensemble a été construit sur une surface de 6500 m2 par la CITP, une entreprise de droit gabonais. Il se compose d’une garderie, d’un pré-primaire et d’un cycle primaire complet. Cette infrastructure comprend aussi des aires de jeux, une bibliothèque, une infirmerie, une salle informatique et une cantine attenante à une cuisine. 

Quant à l’organisation de cet ensemble, le cycle primaire est logé par deux bâtiments R+1 ; tout comme un R+1 abrite la direction de l’école avec deux logements, dont un affecté au chef d’établissement. Côté sécurité, une barrière l’entoure et donne à l’entrée sur un poste de surveillance. Des parkings ont également été prévus pour contenir un nombre conséquent de véhicules de parents d’élèves. 

Le concept de cet établissement s’inscrit dans un esprit d’ouverture. A cet effet, des quotas ont été fixés pour accueillir les enfants issus du milieu civil à hauteur de 40%, et 60% réservés aux enfants de militaires. 

Il restera cependant un défi : celui de la performance scolaire. Un défi qui ne pourra être relevé que par la qualité des enseignants et des enseignements. 

Car, une chose est d’ériger de beaux bâtiments, une autre est de leur tisser une réputation qui réponde aux exigences de formation du moment. L’on croit deviner que les cours ayant débuté depuis le 27 septembre dernier, les dispensateurs de savoirs de cet établissement n’émargent dans aucun des syndicats actuellement en grève à cause des conditions d’apprentissage au sein de l’école publique. 

Cette réalisation de Brice Oligui Nguema, commandant en chef de la Garde républicaine, en plus de donner une leçon à l’immobilisme des autres chefs de corps, révèle à plus d’un titre l’absence de volonté du gouvernement gabonais pour résorber le déficit d’infrastructures scolaires dans le secteur éducatif public.


*Mwanas : « enfants » en langage populaire du Gabon.

La chronique politique de Meboon Môôn Meba Ondo, parue en kiosques le lundi 18 octobre 2021 dans votre journal Echos du Nord.

Libreville, le 21 octobre 2021 | Initialement prévu pour ce 11 octobre, le procès des auteurs présumés de l’assassinat de l’ancien président burkinabé Thomas Sankara (du 4 août 1983 au coup d’Etat du 15 octobre 1987) a été renvoyé par le président du tribunal militaire de Ouagadougou, Urbain Méda, au 25 octobre, à la suite de la requête des avocats de la défense.

Un fait particulier s’agissant dudit procès crée cependant la polémique au pays des hommes intègres. Les avocats de la partie civile ont en effet exigé que le procès soit enregistré et diffusé. Preuve de ce que les sociétés civiles africaines sont davantage convaincues du rôle décisif à jouer par le format vidéo dans la production de la preuve et l’archivage au service de l’histoire. Une « mémoire vivante » dont ne pourraient plus se passer les citoyens du monde actuel et futur, tous membres de la génération du tout numérique.

Malheureusement, la justice militaire burkinabé a, à tort, rejeté cette exigence. Ce qui n’a pas manqué de susciter de fortes déceptions au sein de l’opinion publique.

La preuve vidéo : une exigence de notre époque

Si la justice et les avocats de la défense se sont cachés derrière des aspects partiels de la loi pour rejeter la requête sur l’enregistrement vidéo du procès de Thomas Sankara, ils ont tout aussi omis de consulter l’histoire et la jurisprudence internationale.

« Aux États-Unis, la plupart des procès sont filmés depuis 1959, et des chaînes de télévision se consacrent entièrement à leur retransmission en direct (…) Les avocats de la partie civile (pour ce procès de Thomas Sankara, Ndlr) avaient pourtant formulé une requête d’exception que la France ne renie pas lorsque les procès ont un caractère historique, comme ceux de Klaus Barbie, de Paul Touvier ou de Maurice Papon, qui donnèrent à voir les ressorts du déploiement de la peste nazie sur le sol français. L’historique dossier Sankara ne devrait-il pas, lui aussi, être gravé dans le marbre numérique ? » s’interrogeaient nos confrères de « Jeune Afrique » le 12 octobre, dans un article intitulé « Caméra non grata au procès Sankara ».

Appelé à donner son avis sur ce rejet de l’enregistrement vidéo, Alouna Traoré, rescapé de ce coup d’Etat du 15 octobre 1987, a affirmé le 11 octobre sur « Le Faso TV » : « Je suis au regret de dire que le tribunal est d’une autre époque. Ils sont dépassés par le temps. C’est anti-progrès. (…) Je suis un peu scandalisé. La vérité veut qu’on soit transparent. Que tout ce qui est à dire soit dit. Le procès devait avoir valeur éducative. De toute façon, comme au football, il y a la VAR (Assistance vidéo à l’arbitrage). On doit arrêter un match pour regarder et, donc, dater pour l’histoire les archives. Mais, comme ils refusent le progrès, [ce progrès] va les rattraper. »

Au Gabon, l’exigence d’un enregistrement vidéo pour sécuriser les résultats sortis des urnes s’impose…

Ce débat sur l’enregistrement du procès de Thomas Sankara renforce l’idée au Gabon de la sécurisation des résultats des élections par l’introduction de l’enregistrement vidéo.

L’évolution technologique facilite en effet la production et la diffusion de contenus vidéo. Disons qu’un simple smartphone pourrait enregistrer, pour lecture ultérieure et sans le risque de la biaiser, une séquence vidéo allant du dépouillement des urnes à la lecture finale du procès-verbal contresigné par les membres du bureau de vote.

Pour ce faire, les institutions en charge des élections et les parties engagées dans le processus électoral doivent attribuer un numéro unique à chaque bureau de vote localisé aussi bien sur le territoire national qu’à l’extérieur. Afin que chacun des quelque 628 124 électeurs répartis dans 2 580 bureaux de vote — selon les chiffres du ministère de l’Intérieur de l’année 2016 — soit en mesure d’attribuer un identifiant unique à l’enregistrement vidéo.

Le président du bureau de vote sera tenu de veiller à la détention d’appareils mobiles-vidéo par tous ou une majorité des membres de son bureau, entre majorité, opposition, candidats indépendants et société civile.

Seront également exigées des sources d’énergie électrique et d’éclairage autonomes. A l’exemple des sources solaire d’éclairage et des batteries de recharge mobiles désormais disponibles à moindres coûts sur le marché.

Une surveillance vidéo totale, dès l’ouverture du bureau jusqu’à la fermeture, peut être envisagée en cas d’implication formelle du gouvernement, puisque ne nécessitant plus de gros moyens financiers. Cependant, la production d’un procès-verbal vidéo circonscrit aux phases de dépouillement et de lecture définitive du procès-verbal manuscrit par l’ensemble du bureau demeure la priorité.

A ce moment, et dès l’entame de l’enregistrement, le président du bureau doit lire de façon audible – en langue française – devant les caméras :

  • L’heure d’ouverture et de fermeture de son bureau ; citer nommément les membres présents dudit bureau ;
  • Donner la localisation géographique exacte et les références du numéro unique de son bureau. Ces informations doivent apparaître grandement visibles sur le tableau de dépouillement et, donc, dans le procès-verbal vidéo ;
  • Signaler verbalement le début du dépouillement des urnes et procéder au décompte des bulletins ;
  • Veiller à ce que la vidéo définitive soit disponible en autant d’exemplaires nécessaires pour l’archivage administratif mais aussi pour l’information libre et citoyenne de toute personne désireuse de (re)visualiser ledit processus de dépouillement des urnes et de délibération ;
  • Afin que ce format soit utilisé en cas de litige ou de contestation devant la Cour constitutionnelle ;
  • Le président et les autres membres du bureau de vote doivent être pénalement responsables en cas de litige pour tout acte volontaire entravant la sincérité des résultats du bureau dont ils ont la charge ;
  • Le procès-verbal vidéo doit être rendu public. Publié sur une plateforme en ligne en temps réel ou en différé pour les zones d’accès internet difficile. La confrontation vidéo entre les différents membres du bureau doit être obligatoire et en appui au procès-verbal manuscrit en cas de litige devant la Cour constitutionnelle ;
  • Le rendu du procès-verbal vidéo doit être conforme aux informations du procès-verbal manuscrit qui apparaît d’ailleurs dans film vidéo après signature par les membres du bureau de vote ;
  • Toute anomalie entre les deux formats de procès-verbaux — manuscrit et vidéo — doit automatiquement entraîner l’annulation des résultats et la reprise de l’élection dans le bureau concerné ;
  • Si les responsables du bureau de vote sont reconnus coupables de fraude ou de tout acte volontaire entraînant l’annulation des résultats, ils doivent être automatiquement traduits en justice et remplacés pour la reprise des opérations électorales du bureau concerné ;
  • Les électeurs assistants au dépouillement et à la délibération des opérations de vote, sans être membres du bureau de vote, peuvent aussi être producteurs de vidéos depuis leurs zones extérieures d’observation en tant que témoin et électeur jouissant du droit de contestation des résultats d’un bureau de vote.

Des propositions qui restent à enrichir pour un prochain scrutin électoral sincère et transparent et capable de sécuriser le vote réel des Gabonais. En évitant des crises postélectorales violentes et des impostures au sommet de l’Etat, comme le soutiennent légitimement de nombreux Gabonais depuis la présidentielle de 1993.