Libreville, 21 octobre 2021 | Don de médicaments à Okondja. Don d’un dispensaire par ci, don d’une ambulance par là. Don de salles de classe à Fougamou. Dons de kit scolaires à des jeunes dans les arrondissements de Franceville par le bienfaiteur Jean Pierre Oyiba, député de la localité, à Léconi, à Mouila, où dans des arrondissements de Libreville, la capitale. L’on aurait dit que la République était en faillite. A telle enseigne que ses cadres soient obligés de courir à son chevet. L’on a vite compris qu’il s’agit d’une subtile entrée en campagne par la séduction des populations et la corruption des esprits.
L’ex-parti des masses, le Parti démocratique gabonais (PDG), est en train de se mettre en ordre de bataille en utilisant ses têtes de pont, en somme les roitelets fabriqués par sa petite majesté Ali Bongo Ondimba (ABO). Chacun d’entre eux a accumulé un trésor de guerre qu’il met à contribution pour investir sa localité. Sa petite majesté ne sortira pas un copeck de sa besace. Il jauge la fidélité de ses affidés et ces derniers n’ont guère le choix que de la lui démontrer.
Il faut donc comprendre que ce qui se trame ici est au-delà de la distribution des dons, qui n’est que la face visible de l’iceberg. L’objectif, lui, est totalement immergé. Chaque roitelet, au moyen de la politique des dons qu’une population affamée à volonté ne peut refuser, récoltera en retour la reconnaissance de son monde, puis, le moment venu, le bienfaiteur réel sera présenté en grandeur nature, sa petite majesté ABO.
Toutefois, le nom de ce dernier est glissé subtilement dans le discours de bienvenue. Ceci paraît banal, mais il est certain que, contrairement à l’idée reçue du « président vomi par les populations », un courant de sympathie est tissé entre lui et les populations.
Ces populations exsangues, vidées de tout, même d’elles-mêmes, finiront par accourir à la vue de ce « messie ». Qui a dit que le syndrome de Stockholm n’était que le fruit de l’imagination ? Les roitelets ont les moyens de leur politique et nombre d’entre eux ont un mandat, même usurpé, des populations. Ce sont des fils du terroir et l’absence de l’opposition dans ces contrées renforce leurs liens avec lesdites populations. Sa sérénissime petite majesté est conscient du capital sympathie de ses roitelets et de l’effet d’entraînement de ce capital en sa faveur le moment venu.
Les roitelets ont un autre argument de poids : élus du peuple. Il est tout à fait dans l’ordre des choses que ces contacts permanents avec les populations aient lieu, surtout quand se profilent à l’horizon de nouvelles échéances législatives et locales. Sauf qu’ils n’ont pas besoin de mettre en exergue l’autre échéance : la présidentielle 2023.
Or, toutes ces échéances se dérouleront quasiment au même moment. Si la présidentielle est prévue pour août 2023, les législatives et les locales interviendraient deux mois plus tard. Cette « concomitance » lui est profitable. C’est donc via le réseau des élus, avec pour prétexte, d’une part, les comptes rendus parlementaires et, d’autre part, les dons de kits scolaires et de médicaments qu’ils espèrent reconnecter sa petite majesté tropicale à l’arrière-pays. Il ne faudrait pas s’étonner d’une tournée républicaine les mois à venir.
L’opposition, versée dans des débats de personnes, commet une gravissime erreur en se bornant à conspuer l’ex-parti des masses sur cette politique des dons. S’arrêter à cela c’est manquer de vigilance. Car cette politique des dons, comme on le disait plus haut, n’est que la face visible de l’iceberg. Au cours de ces périples, les structures de base sont redynamisées. Avec, en sus, la préparation matérielle des scrutins à venir. Recensement des troupes, établissement des listes en vue de l’obtention de la carte d’identité nationale, avec la confection des fichiers qui finiront dans la liste électorale.
Ces derniers temps, le PDG s’est attelé aussi à susciter des défections dans les rangs de l’opposition en ramenant dans la maison du père tous ces enfants prodigues partis claquer leur part d’héritage dans l’aventure de l’opposition. C’est cela l’autre théorie des fils spirituels. Les anciens soutiens de Jean Ping en 2016 ont particulièrement été visés par cette tactique. Du coup, pour donner corps à cette théorie, l’on a vu le retour des René Ndemzo’o Obiang et Massavala.
Dans un autre sillon, Jean Eyeghe Ndong a bougé vers un centre dont il donnera probablement les contours ou une définition les jours à venir. Il s’est pour l’heure positionné en médiateur.
Le courant des ralliements n’a pas touché que des individualités marquées hier dans une opposition radicale. Il a aussi atteint les partis périphériques créés pour une circonstance électorale en 2018. Ainsi l’on a vu les Sociaux démocrates gabonais (SDG) déclarer rejoindre le PDG afin d’œuvrer dans la maison du père, à la suite de Démocratie nouvelle que dirigeait René Ndemezo’o Obiang. Tous ces ralliements constituent la caution et la garantie qui justifiera la victoire de sa petite majesté en 2023.
Pendant ce temps, des partis de l’opposition sont minés par des querelles internes. Certains comme l’Union nationale peinent à se trouver un leader. Et quand bien même cela serait effectif, ne s’en trouverait-il pas affaibli ? Avec le contrôle des institutions, notamment l’institution judiciaire, le pouvoir, en appui à Michel Menga M’Essone, est en train d’empêcher la mobilisation de Barro Chambrier dans un cadre légal. A ce jour, la reconnaissance de son parti politique, le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) par le ministère de l’Intérieur, reste une gageure. L’on sait que le fait est entretenu. Dans ce contexte, sa petite majesté ne peut qu’avoir les coudées franches.
Ceci est un aperçu du front intérieur. Mais l’élection présidentielle se jouera aussi sur les artifices internationaux. Pour ce faire, sa petite majesté doit présenter une réelle accalmie de la classe politique pour éloigner le spectre de la surveillance internationale des élections à venir. A cet effet, il tente de forcer le consensus avec l’ensemble des forces politiques, sans avoir besoin de s’asseoir autour d’une table. Il garantira des concessions minimales, un dialogue de façade et des gestes forts. Dans cette optique, il a fait libérer la totalité des prisonniers politiques, sauf le plus emblématique, Bertrand Zibi.
A ce jour, aucun parti politique n’engage de débat sur les questions de fond, sur la fiabilisation des élections à venir. Comment, dans ces conditions, ne pas afficher les airs de triomphe tels qu’on les observe chez les militants de l’ex-parti des masses ? Sa sérénissime petite altesse tropicale marche aujourd’hui d’un pas quasi serein, tant il est sûr qu’aucune embûche ne se présentera sur son chemin. Et que tout baigne.
Par Ramses Frank Avilekambani
Tribune des Universitaires | De la controverse autour de la dépouille de Mavioga Guy Christian.
Libreville, le 20 octobre 2021| Madame Ayo (Anna Claudine Mavioga, veuve du défunt Guy Christian Mavioga, Ndlr) soulève devant les juges la question de l’organisation de l’inhumation de son défunt mari, Guy Christian Mavioga. Que dit le droit civil ?
La relation entre Ayo et Mavioga était régie par le contrat de mariage. Elle est également soumise aux dispositions du Code civil.
Le mariage encadre la gestion des biens des époux. Il prend fin avec le décès de l’un des époux. Il n’organise pas les funérailles du défunt.
Le Code civil encadre la gestion des biens entre les survivants. Cette gestion est pilotée par le notaire sous le regard du conseil successoral. Il n’organise pas les funérailles du défunt.
Un vide juridique semble se présenter. Mais, outre le mariage et le Code civil, la relation entre Ayo et Mavioga est soumise à l’ordonnance juridique coutumier.
En droit coutumier, Ayo est la femme de la famille Mavioga. Lors de la célébration de son mariage coutumier, il a été réalisé un acte de dépôt de la femme dans la famille du mari. A cette occasion, il a été présenté le mari du jour à la femme. Autrement dit, suivant la coutume, Ayo a deux maris : le mari du jour et le mari de la nuit.
Lire aussi | L’enterrement de Guy Christian Mavioga à Mouila exigé par ses géniteurs et la coutume
Elle n’est plus membre de sa famille biologique. Elle devient membre de sa famille par alliance. Dans ce contexte, avec le décès du mari de la nuit, elle reste sous l’autorité du mari du jour et de la famille du défunt mari. Elle ne peut donc décider de l’organisation des funérailles de son défunt mari.
Au-delà de la controverse sur l’organisation de l’inhumation de Mavioga, se pose la question du statut de la dépouille.
Le corps inerte est devenu une chose. Cette chose appartient à qui ? Est-elle dans la masse successorale ? Le corps humain ne doit pas faire l’objet des transactions juridiques. Si le défunt devient une chose, il ne pourra faire l’objet d’un partage entre les successeurs.
Lire aussi | R. Sombo : « Guy Christian Mavioga peut enfin aller reposer à Mouila »
Par conséquent, dame Ayo ne peut exiger la propriété de la dépouille de son défunt mari.
Par François Ndjamono
Docteur en droit, Université Omar Bongo
𝙑𝙊𝙏𝙍𝙀 𝙅𝙊𝙐𝙍𝙉𝘼𝙇 𝙀𝙉 𝙆𝙄𝙊𝙎𝙌𝙐𝙀𝙎 𝘿𝙀 𝘾𝙀 LUNDI 18 OCTOBRE 2021
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🛑 À LIRE : COMMUNIQUÉ DU BUREAU DU CONGRÈS DE L’UNION NATIONALE
➡️BONNE LECTURE ET BON DÉBUT DE SEMAINE
Une décision du Bureau du Congrès tombée ce mercredi 13 Octobre en milieu d’après-midi.
Le Congrès de l’Union nationale ne se tiendra plus le vendredi 15 Octobre. C’est ce qu’a annoncé aux congressistes le président du Bureau dudit Congrès, Raphaël Bandega-Lendoye. Cette annonce a été faite dans un communiqué cet après-midi, évoquant « l’état d’avancement des travaux en commissions préparatoires du Congrès ». A cet effet, « une nouvelle date sera communiquée incessamment ».
Ce communiqué, vêtu du sceau de la légalité, coupe court aux informations émanant de diverses sources sur la date du 15 Octobre. Une date qui, à ce qu’il semble, était soutenue par quelques membres de cette formation politique alors que, techniquement, cela était impossible.
A côté des raisons liées à une préparation minimale, le double deuil qui a frappé cette formation politique ne militait que très peu, tant pour son organisation optimale que pour sa tenue effective aux dates indiquées. Car, entre demande exceptionnelle adressée au ministère de l’Intérieur — les raisons liées aux mesures sanitaires étant — et mobilisation pratique des congressistes dans chaque province (obtention des autorisations de déplacement, etc.), il faudrait du temps.
Le Congrès de l’Union nationale, tenu les 06 et 07 décembre 2020, n’était pas arrivé à son terme. L’élection du successeur de Zacharie Myboto, président sortant, avait été repoussée, vu la contestation autour de la candidature, pourtant légitime, de Paul Marie Gondjout, secrétaire exécutif adjoint sortant. Mission avait alors été donnée au Bureau du Congrès de convoquer les congressistes trois mois plus tard, et de procéder à l’élection du nouveau président.
La teneur du présent communiqué laisse augurer que, cette fois-ci, la convocation de ces assises ne traînera plus en longueur pour connaître qui présidera aux destinées de l’Union nationale pour le mandat à venir.
Libreville, 12 octobre 2021| Le candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle au Gabon, Innocent F. Bemvone Be Nze, s’est livré à la rédaction dans une interview exclusive à paraître ce mercredi 13 octobre 2021 à 18 heures.
Depuis sa déclaration de candidature le 4 septembre 2021, à Harrisburg aux États-Unis, Innocent F. Bemvone be Nze est resté particulièrement silencieux. Alors même que le gouvernement gabonais a récemment modifié les conditions d’éligibilité du président de la République pour les Gabonais résidant hors du pays.
Que pense le candidat déclaré de ce nouveau contexte électoral ? Quel projet porte-t-il pour le Gabon ?
Comment prétendre faire mieux que les précédents candidats, dans cet environnement électoral décrié pour ses tripatouillages et violences perpétrées par le Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir depuis plus de cinquante ans ?
Autant d’interrogations auxquelles répondra Innocent F. Bemvone Be Nze, demain sur echosdunord.com.